À 80 ans, Raila Odinga n’a rien perdu de sa détermination. Après cinq tentatives infructueuses pour la présidence du Kenya, l’ancien Premier ministre et figure emblématique de l’opposition se lance dans une nouvelle course, cette fois pour présider la Commission de l’Union africaine (UA).
Porté par son expérience politique et son engagement pour le panafricanisme, Odinga entend apporter une vision ambitieuse pour l’avenir du continent. Sa candidature intervient alors que l’actuel président de la Commission, Moussa Faki Mahamat, s’apprête à passer le relais en février 2025.
Une candidature soutenue, mais controversée
Bien que soutenu par le président kenyan William Ruto, Odinga n’aura pas la tâche facile. Contrairement à ses trois rivaux, tous les ministres des Affaires étrangères de leurs pays respectifs (Djibouti, Madagascar et Maurice), Odinga affiche un profil atypique pour ce poste. Sa personnalité charismatique, ses réseaux influents et son positionnement de défenseur du panafricanisme pourraient attirer l’attention, mais ce même profil pourrait aussi le desservir auprès des chefs d’État qui préfèrent les figures plus conformistes et diplomatiques à la tête de l’UA.
Les priorités d’Odinga pour une Afrique unie et prospère
Odinga a clairement exposé ses priorités s’il venait à être élu. Développement économique, promotion du commerce intra-africain, infrastructures continentales et lutte contre le changement climatique figurent en haut de son programme. Mais plus audacieusement, Odinga souhaite renforcer les critères d’adhésion pour les États membres, en exigeant des normes minimales de gouvernance. Lors de son discours à Addis-Abeba, il a souligné l’importance d’une application rigoureuse des recommandations issues de l’évaluation par les pairs pour renforcer la démocratie.
Un profil de « champion du panafricanisme » apprécié ou redouté ?
Pour certains observateurs, Odinga incarne le profil dont l’UA a besoin pour affronter les défis complexes de demain. Sa volonté de parler d’égal à égal avec les chefs d’État pourrait être un atout, mais elle pourrait aussi susciter des réticences.
Raila Odinga devra convaincre au-delà de ses soutiens en Afrique de l’Est. La majorité de ses rivaux sont francophones, et certains, comme le Djiboutien Mahmoud Ali Youssouf, jouissent de la double appartenance à la Ligue arabe et à l’Organisation de la Francophonie, un avantage potentiel dans cette élection. Pour l’ancien Premier ministre kényan, tisser des alliances avec les pays francophones, d’Afrique de l’Ouest, d’Afrique centrale et d’Afrique australe sera essentiel. Cette approche élargie est indispensable pour garantir des appuis solides au sein des 54 États membres de l’Union.