L’ex golden boy algérien Rafik Khalifa a été condamné par contumace, ce jeudi, à la réclusion criminelle à perpétuité par le tribunal criminel de Blida en Algérie. Il a été jugé, entre autres, pour « association de malfaiteurs, vol qualifié, détournement de fonds, faux et usage de faux » dans le cadre du procès de la Khalifa Bank dont il est le fondateur. Ce verdict marque la fin d’une saga financière qui aurait coûté entre 1,5 et 5 milliards de dollars aux Algériens.
Le fondateur du groupe algérien Khalifa en faillite, Abdelmoumen Rafik Khalifa a été condamné jeudi par contumace à la perpétuité par le tribunal criminel de Blida, en Algérie, dans le procès de Khalifa Bank. Le tribunal a suivi les réquisitions du procureur qui a réclamé, mercredi, cette même peine pour son épouse et neuf autres personnes dont l’ancien gouverneur de la Banque centrale algérienne, Abdelawahab Keramane. Ce dernier a été condamné à 20 ans et l’épouse de Rafik Khalifa à 10 ans de prison.
Actuellement en fuite à Londres, l’homme d’affaires algérien fait l’objet d’un mandat d’arrêt international et son pays a demandé son extradition. Condamné par contumace, il ne pourra faire appel de sa sentence. Par ailleurs, la police londonienne, qui l’a arrêté début mars pour « séjour irrégulier et blanchiment d’argent », vient de proroger jusqu’au 22 mai sa liberté sous caution. Le tribunal de Blida a également prononcé 45 condamnations à la prison ferme et 49 acquittements contre les 94 accusés dans le scandale financier de Khalifa Bank, le plus important qu’ait jamais connu l’Algérie. Ce procès, aussi très attendu en Algérie, parce qu’il impliquait de hauts responsables de l’Etat avait débuté le 8 janvier dernier. L’instruction avait, elle, commencée fin 2004.
Le mystère Khalifa demeure entier
Rafik Khalifa, fondateur du groupe éponyme présent dans la banque, les transports aériens et les médias, était jugé notamment pour « association de malfaiteurs, vol qualifié, détournement de fonds, faux et usage de faux ». La faillite de la Khalifa Bank aurait coûté, à elle seule, entre 1,5 et 5 milliards de dollars à l’Etat et aux épargnants algériens. Sa faillite avait notamment révélé qu’elle fonctionnait sur les deniers des entreprises publiques algériennes. Ce verdict marque la fin d’une saga financière au coeur de laquelle s’est trouvé un jeune pharmacien devenu golden boy, ami des généraux et du pouvoir algérien. L’aventure, qui avait commencé cinq ans plus tôt, a fini par prendre fin en juin 2003 avec la faillite de son groupe.
Dans un entretien qu’il accordait au quotidien français le 7 février dernier, l’homme d’affaires assurait que l’effondrement de son empire incombait au président algérien Abdelaziz Bouteflika. Le Groupe Khalifa « s’est écroulé à la suite d’un complot politique orchestré par le président Bouteflika (…) La difficulté est venue de l’impossibilité de travailler avec lui, car il change d’avis en permanence (…). Bouteflika voulait ma peau et a demandé à Chirac de l’aider », affirmait-il alors. La presse algérienne, pour sa part, s’est toujours interrogée sur la complicité de hauts responsables de l’Etat dans l’affaire Khalifa. Le Quotidien d’Oran et El Watan s’interrogeaient t alors respectivement sur « comment (…) une grossière arnaque comme celle de « l’empire » Khalifa a-t-elle été possible ? » et « comment ce jeune pharmacien a-t-il pu accéder aux cercles les plus restreints de l’Etat ». Les réponses à ces questions ne sont pas près d’être connues, d’autant plus que le procès qui vient de s’achever n’a, semble-t-il, apporté aucune réponse.