Radio Orient est aujourd’hui la première radio communautaire de France. Lors de sa conférence de presse de rentrée, son PDG, Fouad Naïm, a annoncé une semaine spéciale, du 27 septembre au 3 octobre, consacré à l’Islam, ainsi que des programmes particuliers pendant le mois de ramadan.
Le PDG de Radio Orient, Fouad Naïm, a ouvert sa conférence de presse de rentrée, mercredi, en dénonçant la prise en otage, en Irak, des deux journalistes français. Précisant que tous les membres de la radio avaient été choqués, il a réaffirmé l’attachement de son équipe « aux valeurs laïques de la France », « un attachement qui caractérise la stratégie éditoriale de Radio Orient, une radio modérée qui s’adresse aux Français d’origine arabe, en majorité musulmans », a-t-il expliqué.
Suite à cette rentrée en matière inévitable, le directeur avait de quoi se réjouir. En effet, depuis sa création en 1982, Radio Orient a fait du chemin. Elle réalise aujourd’hui 1,1% d’audience à Paris-Ile-de-France, devançant Beur FM (0,9%). Six journaux quotidiens en français et sept en arabe, plus des flash d’info, des émissions culturelles, politiques et sociales… 80 employés, dont 30 journalistes et 25 correspondants dans le monde. Pour faire vivre tout ce petit monde, Radio Orient affiche 6 à 7 millions d’euros de budget par an, tirés à 25% de la publicité. Le reste est assuré par la vente de ses programmes au Proche-Orient.
Pas de complaisance
Radio Orient est aujourd’hui la première radio communautaire de France, toutes communautés confondues. Elle est présente à Bordeaux, Lyon, Annemasse et, depuis peu, Nîmes et Nice. La raison de ce succès ? Depuis 2002, 35% de ses programmes sont en français, prenant en compte que 50% de ses auditeurs d’origine arabe ne parlent pas cette langue. Autre raison invoquée par le directeur : « Nous ne faisons pas dans la complaisance, le sensationnel et la facilité. Nous n’utilisons pas les événements à notre profit. Nous avons l’obligation de dépassionner le débat pour les dossiers brûlants comme l’Irak ou le conflit israélo-palestinien. »
Dépassionner le débat, réfléchir… c’est ce que propose la radio avec son grand dossier de rentrée : l’Islam. « Sur ce sujet, nous faisons un travail pédagogique, responsable, aidé par des esprits sereins comme le professeur Arkoun », explique Fouad Naïm. « Et ça marche ! Les auditeurs en redemandent, veulent des cassettes des émissions… » Mohammad Arkoun, professeur émérite de la pensée islamique à l’université de Paris-III, précise : « Je présente les choses de manière prudente, analytique, dialectique. Je parle lentement, j’explique les mots qui peuvent paraître obscurs. C’est le devoir de Radio Orient de résister aux impératifs de l’audimat et d’avoir le respect de l’information scientifique au public. Il n’y a pas de travail sérieux et d’information journalistique sans responsabilité intellectuelle. Il faut informer le public sur l’actualité mais aussi sur l’histoire et l’origine des conflits, afin de lui donner les moyens d’avoir une distance critique ».
Devoir de culture
Dans cette optique, la radio lance, du 27 septembre au 3 octobre, une semaine spéciale intitulée : « L’Islam en otage ? ». Tous les jours à 11h, dans l’émission Cinq sur Cinq de Samira Ibrahim, le Pr Arkoun répondra aux auditeurs « pour faire la part des mythes et des réalités qui entourent l’islam aujourd’hui ». Pendant le mois de ramadan, qui débute à la mi-octobre, plusieurs émissions sur l’Islam seront présentées par l’anthropologue et écrivain Malek Chebel et Djilali Bencheikh dressera chaque jour les portraits des grandes figures de l’islam. « Nous sommes plus que jamais investis d’un devoir de culture », déclare Fouad Naïm. « Nous souhaitons privilégier des programmes de qualité, même si notre public est populaire. Notre credo : des programmes d’élite pour un public élargi. »
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