Le stade véronais, en Italie, a été suspendu vendredi suites aux insultes racistes proférées lors du match de championnat contre Pérouse. Habitués du genre, les supporters avaient déjà été montrés du doigt à quatre reprises cette saison. Crachats, insultes, cris de singe… La dernière victime de ces hostilités, a été l’international sénégalais Ferdinand Coly. Ce fut la fois de trop. La sanction a fini par tomber : Vérone jouera un de ses deux derniers matchs à huis clos, privant les tifosi du spectacle, et le club d’une rentrée d’argent substantielle. Une première en Italie.
Par Smahane Bouyahia
Coly, la cible des tifosi de Vérone. Le joueur sénégalais Ferdinand Coly, a une fois de plus été victime de racisme, vendredi dernier, pendant le match de championnat Verone-Perouse. Mais cette fois le conseil de discipline de la Fédération italienne de football a décidé de sévir et de mettre en application le fameux décret de 2000. Le club a été puni. Il sera contraint de jouer son prochain match dans un stade vide. Des évènements qui marquent un tournant dans l’histoire du Calcio, car c’est la première fois que les autorités sportives transalpines décident de punir concrètement les dérives d’un public malheureusement coutumier du fait.
Vérone, le stade le plus hostile aux « non Européens »
Le match de championnat opposait les clubs de deuxième division Hellas Verona et Pérouse. Les supporters de Vérone ont, comme à l’accoutumée, fait preuve d’intolérance en clamant des slogans racistes à l’encontre d’un joueur de couleur de leur équipe. Chaque fois que l’international sénégalais, touchait le ballon, des tifosi imitaient des cris de singes ou l’insultait. Ce n’est pas la première fois que cela se produit dans les tribunes du Bentegodi. Des joueurs de couleur, comme par exemple, le Camerounais Patrick M’boma, le Français Lilian Thuram, et les Sénégalais Waïgo Ndiaye et Ferdinand Coly, ont déjà été conspués à Vérone. Une situation qui reflète plus généralement le problème récurrent du racisme dans les stades italiens. « En dix ans de carrière, je n’ai jamais subi l’intolérance que je vis en Italie », a révélé à la presse étrangère Ferdinand Coly, excédé, à la fin du match. Selon le journal sénégalais Le Quotidien, le défenseur des Lions, aurait annoncé son intention de quitter l’équipe de Vérone et même l’Italie. Quant à l’attaquant Waïgo Ndiaye, un des rares joueurs noirs « tolérés » au Bentegodi, il n’a pas, lui non plus, été épargné par les insultes des supporters ce jour-là. Une banderole dans les tribunes arborait le message : « Mieux vaut un attaquant tchèque ou allemand que Papa Waïgo Ndiaye ».
La fédération italienne de football, entre indignation et tolérance
En Italie, les matchs sont devenus pour les tifosi un moyen, comme un autre, d’exprimer leur haine de l’étranger. Mais trop c’est trop. Le club de football de Vérone a, cette fois-ci, été condamné à jouer à huis clos l’un de ses prochains matchs à domicile. C’est la première fois en Italie qu’un club est condamné pour ce genre de motif. Cette déclaration, certes très à propos, ne doit pas faire oublier l’absence de réaction observée suite au comportement critiquable des supporters et même de certaines personnalités du monde du ballon rond italien. Rappelons, par exemple, les débordements racistes des supporters du Milan AC, qui à l’époque singeaient les Noirs alors que Marcel Dessailly ou Georges Weah portaient les couleurs de l’équipe. Ou encore, les régulières manifestations extrémistes des ultras de la Lazio de Rome ou même de ses joueurs. Le joueur Di Canio, sympathisant des mouvements d’extrême-droite, avait adressé au public un salut fasciste pendant un match en janvier dernier. Tout cela agrémenté, bien sûr, de bien d’autres actes dont sont capables les « supporters » du Calcio.
Le gouvernement italien avait pourtant adopté en 2000 un décret assez innovant pour lutter contre le racisme dans les stades. Un texte qui prévoyait qu’une rencontre pourrait désormais être annulée dans le cas où des supporters brandiraient des banderoles racistes. Cette mesure qui n’avait pas fait l’unanimité dans le football italien n’avait, jusqu’à aujourd’hui, jamais encore été mise en application.
Beaucoup de joueurs ne restent pas les bras croisés face à ce rancisme qui gangrène des stades. De nombreux internationaux, à l’image de Thierry Henry, de Roberto Carlos ou de Ronaldinho, se mobilisent à travers la campagne « Stand Up, Speak Up » initiée par l’équipementier Nike. Un message qui passe, puisque les bracelets en plastique en vente pour soutenir le mouvement sont actuellement en rupture de stock. Coup marketing ? Peut-être mais également un bel exemple de comment peut être affronté ce problème. Néanmoins, il faudrait s’interroger sur la responsabilité des clubs qui tolèrent et donc cautionnent implicitement le racisme primaire dans leur stade.