Rachida Khalil interprète son one woman show, L’odyssée de ta race, au théâtre des Mathurins, à Paris, jusqu’au 6 septembre. Une mine de jeux de mots, de caricatures, et une réflexion sur la société actuelle et ses contemporains vus de France et du Maroc.
Une silhouette fantomatique en burqa s’avance sur la scène dans une lumière rouge. Un frisson parcourt la salle, jusqu’à ce que Rachida Khalil, comédienne et auteur du spectacle, fasse son apparition pour nous révéler qu’il s’agit en fait de son frère qui se voile parce que « c’est plus pratique ». En cinq minutes, la comédienne chamboule toutes les idées reçues sur ce sujet d’actualité, avec beaucoup d’humour et d’ironie. Le ton est donné. Pendant la petite heure qui suit, la jeune femme revisite le monde actuel avec ses problèmes vus de France et du Maroc. Tout y passe : la politique, le racisme, les guerres, les religions, le sexisme… « Je voulais faire un spectacle sur l’actu à travers des thèmes qui me tiennent à cœur, explique Rachida à afrik.com. J’aborde des thèmes larges : la mondialisation, la crise, le capitalisme… avec du rire comme fil conducteur et comme arme. »
Pendant le spectacle, Rachida est seule sur scène pour incarner trois personnages qu’elle avait déjà présents dans une précédente pièce, la vie rêvée de Fatna. Elle interprète son propre rôle, une jeune femme d’origine marocaine qui vit à Paris et se questionne sur sa vie. Elle se met aussi dans la peau de Fatna, sa tante marocaine mère de quatre enfants (Oussama, Kadhafi, Ahmadinejad et Saddam, en référence aux quatre dictateurs) qui veut devenir maire de son village, et dans celle de Marie-Sophie, une voisine française qui n’aime pas les Arabes, mais pour qui « Rachida, c’est différent ». « Ce spectacle est en continuité avec le dernier, mais les personnages ont mûri. Ils sont plus impliqués dans la politique », indique Rachida. L’auteur se sert des protagonistes pour brosser un tableau de la société française actuelle.
La comédienne interroge, avec humour et gravité, sur l’incompréhension entre deux mondes. « J’entendais souvent le mot « race ». J’étais choquée car il n’y a pas de races. Il y a la race humaine, mais il n’y a pas d’espèces comme chez les animaux », explique-t-elle. Et ça marche, puisqu’en l’écoutant, on met à plat tous nos préjugés, on se moque de nos hommes politiques et on rit de sujets plus graves, comme la peur du terrorisme, sans avoir le temps de souffler. « Il y a beaucoup de métissage dans le spectacle au niveau des thèmes, du rythme, du jeu… Je casse tout le temps le rythme, je n’ai pas de ligne de conduite, confie Rachida. Je pose des questions, et j’invite le spectateur à en faire autant. » La pièce se termine par la rencontre explosive des protagonistes à Paris, chez Rachida, où les quatre enfants de Fatna sont venus s’installer. Lorsque le rideau tombe, on aimerait que cela continue, car on n’a pas fini de questionner la société, et finalement, on ne connaît toujours pas la réponse que Rachida pose dans son spectacle : mais où va le monde ?
L’Odyssée de ta race du mardi au samedi à 21h et le samedi à 16h30 jusqu’au 6 septembre au théâtre des Mathurins à Paris.
Le site du théâtre des Mathurins