Rached Ghannouchi, chef du parti au pouvoir Ennahda, affirme que son pays s’est senti insulté suite aux propos de Manuel Valls ministre français de l’Intérieur qui a mis en garde contre la montée d’un « fascisme islamique » dans les pays comme la Tunisie, Libye et Egypte.
Rached Ghannouchi est en rogne contre Manuel Valls. La raison? Au lendemain de la mort de l’emblématique opposant tunisien Chokri Belaid, le ministre français de l’Intérieur a mis en garde contre la montée d’un « fascisme islamique » dans les pays comme la Tunisie, Libye et Egypte. Des propos qui ont heurté le chef du parti islamiste au pouvoir, qui s’est confié au Journal du dimanche.
La réponse de Rached Ghannouchi, qui ne mâche pas ses mots à l’égard de la France, est cinglante : « La France est le pays qui comprend le moins l’islam et les Tunisiens, et ces derniers se sont sentis insultés ». « La relation entre la Tunisie et la France est complexe. La France est un pays si proche de nous. Malgré cela, la France est le pays qui comprend le moins l’islam et les Tunisiens », a poursuivi le chef d’Ennahda.
« France dégage »
Ce qui a le plus irrité Rached Ghannouchi c’est le fait que Manuel Valls a mis tout le monde « dans le même sac » : Ennahda, les Frères musulmans, Al-Qaïda, montrant ainsi « qu’il ne comprenait rien à l’islam. À l’inverse, les Allemands, les Britanniques, les Américains y parviennent et savent que l’islam n’est pas uniforme et comporte des radicaux, des modérés, et que nous sommes à la tête des composantes modérées », selon le dirigeant du parti au pouvoir. « Oui, nous nous sentons insultés. Il suffit de se promener pour constater que la mosquée est ouverte, que les bars et les plages sont ouverts », a-t-il ajouté.
La Tunisie n’a pas digéré le soutien de la France au régime de Ben Ali, chassé du pouvoir le 14 janvier 2011. D’ailleurs lors des manifestations pro-islamiste suite à la crise politique du pays, les protestataires scandaient « France dégage ! », affichant leur indignation à l’encontre des propos de Manuel Valls.
Rached Ghannouch a également vanté les mérites du nouveau Premier ministre tunisien Ali Laârayedh, un « militant connu pour sa modération et ses bonnes relations avec toutes les composantes de la classe politique ». Selon le leader du parti islamiste au pouvoir, « la Tunisie est entrée depuis vendredi dans une nouvelle ère pour la réalisation des objectifs de la révolution ».
Le chef d’Ennahda a aussi prévu « pour cette année la rédaction d’une nouvelle loi électorale, d’une nouvelle Constitution, l’élection d’une nouvelle Assemblée, d’un nouveau président », affirmant qu’il « se peut que les élections se tiennent à l’automne prochain ».
