La normalisation des relations entre Rabat et Madrid s’est renforcée après une visite officielle espagnole dans le Royaume chérifien. Un réchauffement en partie dû aux efforts du Maroc dans la lutte contre le terrorisme et l’immigration clandestine. Lors de cette réunion de travail, les deux Etats ont convenu de nombreux partenariats, mais ont pris soin d’éviter les sujets litigieux.
Dégel diplomatique. La réunion de travail, qui a rassemblé des officiels marocains et espagnols sur le sol chérifien les 8 et 9 décembre derniers, a quelque peu réchauffé les relations entre les deux pays, tendues depuis la crise de l’îlot Leila] en juillet 2002. Si de nombreux partenariats ont été conclus, certains sujets sensibles ont simplement été effleurés ou laissés de côté.
Lors de cette sixième rencontre maroco-espagnole, Rabat et Madrid ont multiplié les accords bilatéraux. Les deux Etats annoncent dans un communiqué commun leur « ferme volonté de développer et d’intensifier les relations de coopération et d’amitié ». Ils travailleront donc étroitement dans des domaines aussi variés que l’emploi, l’agriculture, le tourisme, l’éducation, la culture ou encore l’énergie. Sur le plan financier, l’Espagne a accordé une enveloppe de « 390 millions d’euros » au Royaume « sous forme de crédits préférentiels, de dons et de reconversion de dette », explique le quotidien marocain Le Matin.
Lutte contre le terrorisme et l’émigration clandestine
Ces échanges consolident les efforts de rapprochement entre les deux pays. Certaines mesures prises par le Maroc y ont fortement contribué. Notamment en matière de lutte contre le terrorisme. Après le choc des attentats de Casablanca le 16 mai dernier, le gouvernement chérifien a en effet radicalisé ses positions, Mohamed VI entendant mettre fin à « l’ère du laxisme ». Un engagement qui n’est pas pour déplaire à l’Espagne qui se montre plus vigilante depuis la crise irakienne et la menace du réseau terroriste Al Qaeda.
Autre point de consensus : les actions concrètes contre l’émigration clandestine. Le Maroc a annoncé la création, mi-novembre, d’une direction de la migration et d’un observatoire chargés de lutter contre ce problème. Au terme de ce même mois, il renvoyait dans leur pays d’origine 450 Nigérians qui faisaient « escale » sur le territoire chérifien avant de rejoindre l’Europe. Un bon point qui prouve la bonne volonté de Rabat.
Sujet sensible passé sous silence
Au programme des sujets sensibles, la question du Sahara Occidental. Le conflit, opposant le Maroc au Front Polisario soutenu par l’Algérie, n’a été qu’effleuré. L’Espagne, qui s’était toujours fermement prononcée en faveur d’un « référendum d’autodétermination » du peuple sahraoui, se serait montrée cette fois-ci moins catégorique. Les autorités marocaines considèrent, au sortir de la rencontre, que Madrid a envoyé un « signal positif et encourageant ». Rabat en a profité pour demander au gouvernement espagnol d’intervenir auprès de l’Algérie pour qu’elle reconnaisse la souveraineté marocaine sur ce territoire.
Le litige qui oppose le Maroc et l’Espagne sur les îles de Ceuta et Mellilia a été passé sous silence. Un débat qui avait repris avec beaucoup de vigueur lors de la crise de l’îlot Leila (Persil pour les Espagnols) en juillet 2002. La crise diplomatique, portant sur l’appartenance du petit rocher de 13,5 hectares, avait bien failli déclencher une guerre entre les deux pays. Leur prochaine rencontre, prévue en 2004, se fera cette fois-ci de l’autre côté de la Méditerranée. Elle pourrait être le théâtre d’une nouvelle discussion sur ce sujet houleux.