L’Ivoirien Doumbia Fakoly alias Tiken Jah Fakoly et le Sénégalais Didier Awadi, deux figures emblématiques de « la musique consciente », sont, depuis plusieurs années, considérés comme les références du « militantisme musical ». Une reconnaissance méritée pour leur engagement dans la promotion de la paix, de la démocratie et de l’éducation en Afrique.
Les dernières décennies ont été particulières pour le continent africain. Si dans nombreux pays, comme le Burundi, le Mali, la Côte d’Ivoire, la République Démocratique du Congo, le Rwanda…ont a assisté à des modifications de leur Constitution, à l’organisation des scrutins présidentiels soupçonnés de fraude ou encore aux coups d’Etats. Dans d’autres pays comme le Cameroun, la Guinée et le Congo ; des générations naissent, grandissent et quittent même ce monde, sous la Présidence d’un seul homme. L’une des situations ayant poussé Tiken Jah Fakoly et Didier Awadi à orienter leurs plumes dans « le militantisme musical ».
« Quitte le pouvoir », plus qu’un tube !
Un message fort, une interpellation, une expression du ras-le-bol… En tout cas, « Quitte le pouvoir » est plus qu’une chanson. Tout part de son album « Coup de gueule ». Fort de son expérience et de sa compréhension de l’actualité politique d’Afrique, le célèbre artiste reggae man ivoirien, Doumbia Fakoly alias Tiken Jah Fakoly, invite plusieurs artistes sur son septième album, « Coup de gueule », en 2004. Parmi les invités, le Sénégalais, Didier Awadi, l’un des porte-porte les plus écoutés de la jeunesse d’Afrique et de surcroit, « Afroptimiste ». Ainsi, les deux hommes aux dreads looks enregistrent « Quitte le pouvoir », ce tube à la fois dansant et interpellateur.
En effet, cet opus de cinq minutes interpelle les dirigeants africains à laisser le pouvoir et met en évidence le désespoir des peuples face à la pauvreté, à l’insécurité, au viol, à la montée du tribalisme. Des faits causés par la mauvaise gouvernance. « Quitte le pouvoir, ça fait trop longtemps que tu nous faits perdre le temps(…) Depuis quarante ans tu refuses de foutre le camp ». Des messages clairs adressés aux dirigeants qui s’éternisent au pouvoir sans mettre l’intérêt du peuple au cœur de leurs actions.
L’histoire retiendra que cette chanson est non seulement un reflet de créativité des artistes soucieux du changement, mais aussi un symbole d’expression du ras-le-bol des peuples face à la « Présidence à vie » ou à la « tentative d’un troisième mandant » de certains chefs d’Etat africains. Pour preuve, le slogan « Quitte le pouvoir » fait désormais la une des rues, pendant cette période où, l’Afrique assiste à un nouveau tournant dans la lutte pour la conservation des pouvoirs par ses dirigeants.