Une quinzaine de soldats maliens ont été enlevés, dimanche par des hommes armés dans le nord du Mali.
Selon l’AFP qui cite l’armée malienne, les 15 soldats ont été enlevés par surprise et pris en otages dans la région de Tédjérète dans le nord du pays. L’agence ajoute, en outre, que les hommes armés ont été identifiés par plusieurs sources comme étant un groupe d’ex- rebelles touaregs qui, une fois leur forfait accompli, avaient pris la direction de la frontière du Niger. Selon des témoins de la région, une douzaine d’hommes armés ont fait irruption, dimanche, dans cette localité et ont emmené de force 23 militaires qui faisaient partie de l’escorte d’une équipe de techniciens civils chargés de la lutte antiacridienne. 8 soldats avaient été relâchés quelques kilomètres plus loin, alors que les 15 autres ont été pris en otages et emmenés vers la frontière nigérienne. Déjà accusés d’être les auteurs de l’attaque d’un poste de sécurité dans le nord du Mali, le 11 mai dernier, les hommes d’Ibrahim Ag Bahanga, un rebelle touareg dissident, ont été désignés par plusieurs sources, comme étant les auteurs de l’enlèvement. «C’est un coup d’Ibrahim Ag Bahanga. Nous le savons. Ce sont ses méthodes et le jour des événements il a été bien aperçu par des témoins. Il était là, il n’est plus là, c’est son coup», a notamment assuré à l’AFP une source militaire locale.
La semaine dernière, le beau-père d’Ibrahim Ag Bahanga, Hama Ag Sidahmed, également en rupture avec l’ex-rébellion malienne, avait annoncé la naissance de l’Alliance-Touareg-Niger-Mali (ATNM), une union entre les ex-rebelles touaregs du Mali et le MNJ, «avec des objectifs et des revendications communs». Les ex-rebelles maliens, réunis sous la bannière de l’Alliance démocratique du 23 mai 2006 pour le changement, ont aussitôt démenti toute alliance avec les touaregs du Niger «en matière de rébellion ou de lutte armée», selon le porte-parole de l’Alliance, Ahmada Ag Bibi.
Une alliance des touaregs du Mali et du Niger ?
Depuis février, le nord du Niger voisin est le théâtre d’affrontements meurtriers entre l’armée et des rebelles touaregs du MNJ. La dernière attaque revendiquée par le MNJ a eu lieu mercredi dernier. Dimanche, le jour même de l’enlèvement, le ministère malien des Affaires étrangères a annoncé la tenue prochaine, à l’initiative du Mali et de la Libye, d’un sommet des chefs d’Etat de la bande saharo-sahélienne sur les problèmes de sécurité, notamment liés à la rébellion touareg du nord du Niger et au trafic d’armes et de drogue.
Les ministres malien et nigérien en charge de la sécurité, s’étaient également rencontrés le 22 août à Gao, dans le nord du Mali, pour évoquer les problèmes de sécurité entre les deux pays. A l’issue de cette réunion, les deux pays ont décidé, notamment, de créer des patrouilles mixtes et d’instituer un droit de poursuite réciproque pour lutter contre l’insécurité transfrontalière. Le Mouvement des Nigériens pour la Justice (MNJ, rébellion touareg) avait affirmé, dernièrement, avoir tué 17 soldats et détruit au moins 4 de leurs véhicules, la veille. Dans un communiqué reçu vendredi à l’AFP, l’état-major de l’armée nigérienne a démenti avoir perdu 17 soldats dans des combats mardi.
Cet enlèvement intervient une semaine après l’annonce du début de l’exercice militaire baptisé «Flintlock 2007» A Bamako. Initié par les USA, cet exercice se poursuivra jusqu’au 8 septembre avec 350 militaires américains et d’autres venus de 13 pays d’Afrique et d’Europe dont le Mali et le Niger. Le 11 mai dernier, au moins 2 personnes avaient trouvé la mort et plusieurs ont été blessées dans l’attaque d’un poste de sécurité dans la région malienne de Kidal. Ce poste de sécurité avait été pris d’assaut par quelques dizaines d’hommes armés conduits par un ancien rebelle touareg, Ibrahima Ag Bahanga.
Djamel B. pour le Quotidien d’Oran