Le parti d’opposition sud-africain Alliance démocratique demande la démission de la ministre de la Santé Manto Tshabalala-Msimang, dénonçant son attitude irresponsable dans la lutte contre le sida. Le premier vecteur de cette campagne anti-Manto : Internet.
Manto Tshabalala-Msimang, la ministre de la Santé sud-africaine doit-elle partir ? Vous pouvez cliquer « Oui » ou « Non » sur le site lancé cette semaine par l’Alliance démocratique (DA). Mais pour le parti d’opposition, la réponse est claire : Manto doit être virée. C’est d’ailleurs le nom, très explicite, du site « Fire Manto » (« virez Manto »). La campagne anti-Manto a été officiellement ouverte au Parlement, mardi, par le député Mike Waters.
Selon lui, « l’histoire retiendra l’approche de la ministre par rapport au sida comme la plus grosse erreur de ce présent gouvernement ». « La politique sanitaire sud-africaine est devenue, avec Mme Tshabalala-Msimang, le synonyme des théories controversées d’une poignée de dissidents. Une position dangereuse dont le point d’orgue a été le 5 juillet 2002 lorsque la Cour constitutionnelle a accusé le ministère de la Santé de violer la Constitution sud-africaine et le droit à la santé des femmes séropositives et de leurs bébés en refusant de leur fournir de la Nevirapine. Manto Tshabalala-Msimang doit se ranger à la décision de la justice ou s’excuser pour le mal qu’elle a fait », a expliqué Mike Waters devant le Parlement.
Ail, oignons et huile d’olive
Le site s’ouvre donc sur ces accusations : la ministre est incapable de consolider la santé de la nation et reste inféodée à la « pseudo-science » en matière de sida du Président Thabo Mbeki. Suit « The Charge Sheet », « la feuille de charge », qui énumère, du 17 juin 1999 au 3 juillet 2003, toutes les « bourdes » de la ministre ou les documents lui donnant tort. Il suffit de cliquer sur la date pour en lire plus. Au 3 juillet 2003, par exemple, on trouve le dernier rapport sur la prévalence du sida en Afrique du Sud, passée de 24,8% en 2001 à 26,5% en 2002. Une augmentation qui s’explique, selon le site, par les prises de position fantasques de Manto Tshabalala-Msimang dans le traitement de la maladie. Ainsi, la ministre invite régulièrement le Dr Roberto Giraldo pour des conférences. Ce chercheur indépendant défend la théorie selon laquelle le sida ne serait pas une maladie infectieuse et ne se transmettrait pas sexuellement mais serait un syndrome nutritionnel lié à une perte de nos défenses naturelles. Il recommande donc de bien se nourrir pour guérir…
La ministre a repris a son compte cette idée, reprochant le 18 mars 2003 aux cliniques privées de fournir des anti-rétroviraux à leurs patients alors qu’« un bon régime alimentaire est aussi efficace ». Elle défend la recette miracle anti-HIV (ail, oignons, patate douce et huile d’olive vierge) le 28 mars et soutenant le 30 avril, lors d’un sommet sur le sida, que les médicaments anti-rétroviraux doivent être utilisés seulement après avoir adopté un bon régime alimentaire et pas d’une façon « populiste ». Donc, pas pour le plus grand nombre… Pendant ce temps, sur le site, un compteur tourne : celui du nombre de personnes vivant avec le HIV dans le monde.