Jean-Pierre Bemba recherche un territoire d’accueil après sa libération provisoire ordonnée, vendredi, par la Cour pénale internationale (CPI). Une décision vivement contestée par le procureur de la CPI, Luis Moreno-Ocampo, qui compte faire appel. L’ancien vice-président de la République du Congo (RDC) est accusé de meurtre, viol, pillage, crimes de guerre et crimes contre l’humanité.
La Belgique, la France, l’Afrique du sud, l’Italie, le Portugal, la Hollande et l’Allemagne. Lequel de ces six pays accueillera dans l’attente de son procès, Jean-Pierre Bemba, remis en liberté provisoire vendredi par la Cour pénale internationale (CPI) ? Une question sur laquelle devra se pencher la Cour qui tiendra entre le 7 et le 14 septembre des audiences pour entendre les observations des Etats susceptibles de recevoir l’ancien vice-président de la République démocratique du Congo (RDC).
Pour l’heure, « l’exécution de cette décision est reportée dans l’attente de la détermination de l’Etat sur le territoire duquel Jean-Pierre Bemba Gombo sera libéré et de la détermination des conditions qui lui seront imposées », indique la CPI. On ignore cependant si la France, la Belgique, la Hollande et le Portugal seront entendues par la Cour. Les trois pays avaient formellement refusé en juillet dernier d’accueillir l’accusé congolais si ce dernier était libéré. Bruxelles avait justifié son refus en expliquant qu’il faudrait un dispositif trop coûteux pour assurer de bonnes conditions de sécurité tandis que Paris avait affirmé que l’ancien chef rebelle n’avait pas d’attache en France. Pourtant, selon Me Aimé Kiloko, l’avocat de la défense, Jean-Pierre Bemba bénéficierait de « liens sociaux importants » en Hexagone. Des indications qui pourraient rendre caduque le refus de la France.
En attendant, cette libération conditionnelle ne manque pas d’irriter le procureur de la Cour, Luis Moreno-Ocampo, qui va faire appel de cette ordonnance. « M. Bemba, qui est toujours physiquement détenu à la Haye », doit rester en détention. La Chambre d’appel va examiner si la décision de (le) remettre en liberté est correcte », explique, vendredi, le représentant du ministère public dans un communiqué.
Jean-Pierre Bemba dans la ligne de mire
Jean-Pierre Bemba, 46 ans, est accusé de meurtre, viol, pillage, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Il avait comparu devant la CPI du 12 au 15 janvier lors d’audiences de confirmations de charges à propos des exactions commises par sa milice, le Mouvement de libération du Congo (MLC), en Centrafrique entre octobre 2002 et mars 2003. Une période durant laquelle Ange-Félix Patassé, alors président de la République centrafricaine, avait demandé au MLC de Bemba d’écraser des tentatives de coups d’Etat dans son pays.
La CPI, après avoir estimé que les allégations comportaient « suffisamment d’éléments de preuves » pour justifier la tenue d’un procès, avait ordonné le 15 juin de renvoyer M. Bemba en jugement en sa qualité de « chef militaire » du MLC. Jean-Pierre Bemba, qui avait quitté la RDC en avril 2007 après avoir perdu les élections présidentielles de 2006 face à Joseph Kabila, avait été arrêté en mai 2008 à Bruxelles. Il avait été transféré puis placé en détention à La Haye, où siège la CPI, début juillet 2008.
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