L’édition 2007 du désormais traditionnel Commitment to Development Index (le classement des pays développés qui œuvrent le plus en faveur des pays en développement) a été publiée par le Center for Global Development. Classée 18e en 2006, la France se hisse cette année au 13e rang.
Au-delà, des leçons particulières, propres à chaque pays, il y a deux grands enseignements à tirer de ce classement :
1. Même si l’impulsion première doit venir des pays d’Afrique, les pays développés, par les lois qu’ils votent, les politiques qu’ils mènent, ont – c’est indéniable – un impact positif ou négatif sur le développement des pays du continent africain. Comme le rappelait encore récemment Ngozi Okonjo-Iweala, l’ancienne ministre des Finances et des Affaires étrangères du Nigeria, fraîchement promue « DG » à la Banque Mondiale, la bonne coopération des pays développés est non seulement nécessaire mais indispensable, en particulier en matière de lutte contre la corruption. Cela semble évident, mais en réalité la thèse populiste du repli sur soi (« Laissez-nous régler seuls nos problèmes. Vous verrez, dans quelques années, l’Afrique ira mieux ») est si répandue sur le continent qu’il est bon de le rappeler.
2. En matière de développement, se focaliser sur le seul montant de l’APD versée chaque année pour mesurer le degré de contribution des pays développés est une erreur. Paul Collier, de l’Université d’Oxford, le souligne clairement dans son dernier ouvrage, The Bottom Billion : l’aide au développement n’est qu’un levier parmi d’autres pour sortir les pays d’Afrique de l’ornière. Le classement multicritères du CGD – c’est son originalité et son intérêt – tient compte de cette réalité : « Simple comparisons of donors on how much aid they give as a share of gross domestic product miss the big picture, which is why the CDI assesses policies in seven major areas: aid, trade, investment, migration, environment, security and technology ».
On le voit à travers ce classement, les politiques de développement menées par les pays du Nord ne peuvent être réellement efficaces que si elles sont transversales. Autrement dit, si le « développement » est élevé au rang de priorité et concerne l’ensemble des ministères au sein d’un même gouvernement. C’est une question de cohérence et d’efficacité. Avoir un ministère de la coopération et un ministère chargé du codéveloppement, c’est bien, mais ça n’est pas suffisant…
Michaël Cheylan, pour Capafrique
Photo : United Nations in New York City. Smaginnis11565 2006, Flickr.