Accusés de chantage contre le roi du Maroc, les journalistes français Eric Laurent et Catherine Graciet, interpellés jeudi, sont toujours en garde à vue. Les deux professionnels des médias sont spécialisés dans les enquêtes sur le Maghreb et le Moyen-Orient et ont déjà co-écrit un livre sur le monarque marocain.
La Stupeur ! Telle a été le ressenti de nombreux journalistes en France lorsqu’ils ont appris que leurs confrères Eric Laurent et Catherine Graciet ont été interpellés jeudi à Paris après avoir été soupçonnés de chantage contre le roi du Maroc Mohammed VI, auquel ils auraient réclamé trois millions d’euros pour ne pas publier un livre contenant des informations compromettantes. Les deux professionnels des médias sont actuellement toujours en garde à vue. Et le parquet a ouvert mercredi une information judiciaire pour tentative d’extorsion de fonds et tentative de chantage.
Eric Laurent et Catherine Graciet, tous deux spécialistes dans les enquêtes sur le Maghreb et le Moyen-Orient, sont pourtant loin d’être méconnus du paysage médiatique français. En 2012, ils ont co-écrit un livre sur le monarque marocain intitulé, Le Roi prédateur. « Mohammed VI, lui, n’a aucun intérêt pour la chose publique et pas la moindre fibre politique. Seules comptent les affaires », écrivaient les deux journalistes dans ce livre, dont les autorités marocaines ont interdit la diffusion.
Agé de 68 ans, Eric Laurent, également connu pour avoir beaucoup écrit sur le Maroc, a longtemps été grand reporter à France Culture où il s’occupait des questions de géopolitique, indique la biographie publiée sur son blog. Tout au long de sa carrière, il a publié plusieurs ouvrages d’enquête, sur le 11 septembre (sur lequel il semait le doute!) ou le pétrole par exemple. Le journaliste a également couvert de nombreux conflits à l’étranger, dont la guerre israélo-arabe en 1973 ou l’occupation soviétique de l’Afghanistan en 1979.
Catherine Graciet, journaliste indépendante, a collaboré entre autres au Journal Hebdomadaire du Maroc. Elle est connue pour avoir co-écrit avec Nicolas Beau notamment sur l’ex-première dame tunisienne, Leïla Trabelsi, La régente de Carthage. Les deux journalistes y expliquent que Leïla Trabelsi aurait réussi à la tête de son clan familial, à faire « main basse » sur des pans entiers de l’économie tunisienne.
Journalisme ou chantage, journalisme ou manipulation, dans une profession où la rigueur et l’honnêteté intellectuelle sont des principes cardinaux, et où certains confrères, on le voit aujourd’hui au Mozambique, le payent de leur vie, rien n’est plus pénible, voire dommageable, que de constater de telles dérives.