Dans les jours qui viennent, le roi Mohamed VI choisira le nouveau Premier ministre marocain. Bien que l’Istiqlal ait remporté les dernières législatives, il n’est pas certain que le chef du gouvernement soit issu de cette formation. Plusieurs noms circulent déjà.
Par Khalid Barka Correspondant de la PANA à Rabat
A l’issue des élections législatives au Maroc, les partis politiques de la coalition sortante ont conservé la majorité absolue des sièges de la Chambre basse du Parlement (184 sur 325) et espèrent que le futur Premier ministre soit désigné dans leur rang, par le roi Mohammed VI, malgré la percée réalisée par le Parti islamiste modéré de la justice et du développement (PJD), qui se verrait obliger de se confiner de nouveau dans l’opposition.
Avec 52 sièges, l’Istiqlal (nationaliste) a remporté les Législatives devant le PJD (46 sièges) et le Mouvement populaire (MP, 41). Le Rassemblement national des indépendants (RNI, libéral) arrive 4ème (39) suivi de l’Union socialiste des forces populaires (USFP, 38). La majorité sortante était composée de l’USFP, de l’Istiqlal, du RNI, du MP et du Parti du progrès et du socialisme (PPS, 17 sièges).
Le souverain alaouite va consulter dans les prochains jours les dirigeants des partis politiques avant de désigner le futur Premier ministre, conformément à l’article 24 de la Constitution qui stipule: « le roi nomme le Premier ministre. Et sur proposition du Premier ministre, il nomme les autres membres du gouvernement ».
Le roi avait laissé entendre, dans un discours prononcé dernièrement, qu’il choisirait le chef du gouvernement dans la formation arrivée en tête, mais il n’y est pas obligé, comme ce fut le cas lors des législatives de 2002 où il nomma le technocrate Driss Jettou.
Selon des observateurs, l’Istiqlal, chef de fil de la Koutla (Bloc démocratique) estime que sa formation est en position réconfortante pour que le futur Premier ministre y soit issu, en l’occurrence son Secrétaire général, Abbas El Fassi, pourtant jugé politiquement trop ancien pour ce poste au cas où Mohammed VI choisirait son candidat dans ses rangs.
Un garant de la continuité
La Koutla, alliance créée en 1992 sous le roi Hassan II, est composée de l’Istiqlal, de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) et du Parti du progrès et du socialisme (PPS), qui étaient tous des partis d’opposition à l’époque.
D’après des experts, le prochain gouvernement ne changera pas par rapport à l’actuel. La seule inconnue est le profil de celui qui le dirigera: viendra-t-il d’un parti politique ou sera-t-il sans appartenance politique?
L’homme donné favori à ce poste, à savoir Fouad Ali El Himma, ex- vice-ministre marocain de l’Intérieur et personnalité la plus proche du roi Mohammed VI, a nié catégoriquement qu’il puisse être nommé Premier ministre, dans un entretien à la deuxième chaîne de télévision publique « 2M », lundi soir.
M. El Himma a présenté sa démission à la veille des Législatives. Il a réussi à enlever un siège de député dans la circonscription des Rehamna au nord de Marrakech sous l’étiquette des « Sans appartenance politique » (SAP).
Le Maroc attend désormais la nomination d’un Premier ministre par le roi Mohammed VI qui a toute latitude pour faire son choix. Parmi les principaux noms qui circulent, on trouve notamment celui du ministre de l’Equipement et des Transports, Karim Ghellab (PI) et celui du Logement, Taoufiq Hejira (PI).
Une fois nommé, le Premier ministre est appelé à mener les tractations pour former un gouvernement s’appuyant sur une majorité parlementaire. Avec la présence de 24 partis à la Chambre des représentants, sa mission ne sera guère facile.
Les Législatives de vendredi, les secondes sous le règne de Mohammed VI, sont les premières dans l’histoire du Maroc a être suivies par une cinquantaine d’observateurs internationaux.
En dépit du fait que ce scrutin soit qualifié de « transparent » et a été salué par plusieurs pays, le faible taux de participation « trahit la nécessité d’un surcroît d’efforts pour ancrer la démocratie représentative dans le royaume », selon l’Institut démocrate américain pour les Affaires internationales. Avec 37%, la plus faible participation jamais enregistrée dans des Législatives au Maroc, ce taux marque un défi pour les autorités et un désenchantement à l’égard des instances élues.
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