Qui est Yusef Kaddur le nouveau compagnon de Mohammed VI


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Yusef Kaddur
Yusef Kaddur

Depuis plusieurs années, Mohammed VI s’entoure de figures atypiques marquant un tournant dans son règne. Des champions de combat aux anciens délinquants, le cercle rapproché du roi du Maroc intrigue et interroge. Yusef Kaddur est le dernier arrivé de ces compagnons du Roi.

De la poussière des tatamis aux marbres des palais, le parcours de Yusef Kaddur détonne. Ce colosse de 40 ans, né dans l’enclave espagnole de Melilla, a forgé sa légende dans les compétitions de grappling et d’art martiaux mixtes où il a raflé six titres mondiaux. Un palmarès qui lui a valu les plus hautes distinctions espagnoles, dont l’insigne de mérite sportif du Comité olympique et la Médaille d’Or de la Ville de Melilla en 2018.

Mais c’est un drame qui va sceller son destin avec la monarchie chérifienne. En 2021, le décès de son frère Suli Abdeselam bouleverse sa vie. Mohammed VI intervient personnellement pour le rapatriement du corps. Un geste qui marque le début d’une relation singulière, gravée dans le marbre par les mots de Kaddur sur les réseaux sociaux : « Sa Majesté aura notre amour et notre fidélité jusqu’à notre dernier souffle. »

Les confidences d’un champion déchu

Son histoire avec l’Espagne s’était pourtant terminée dans l’amertume. En 2017, Kaddur dénonce publiquement le manque de soutien des autorités de Melilla pour sa carrière sportive. Une rupture qui le pousse à chercher fortune ailleurs. C’est au Maroc qu’il trouve non seulement un refuge, mais une consécration inattendue.

Désormais, le champion partage son quotidien entre les séances d’entraînement au personnel royal et les apparitions publiques aux côtés du souverain. Après des vacances commune à M’Diq, il a récemment été aperçu à Abu Dhabi, où il accompagne un Mohammed VI diminué, le bras en écharpe, témoignage silencieux des problèmes de santé qui affectent le monarque.

L’ombre inquiétante des frères Azaitar

Dans les couloirs du pouvoir marocain, cette nouvelle proximité s’inscrit dans un contexte troublant. Depuis son divorce avec Lalla Salma en 2018, Mohammed VI s’est entouré de figures controversées, au premier rang desquelles les frères Azaitar. Abu, leur aîné, ancien repris de justice en Allemagne reconverti en boxeur, bénéficie de privilèges royaux stupéfiants : résidences luxueuses en bord de mer, jets militaires à disposition, accès illimité aux palais.

La démonstration la plus frappante de cette influence ? Le corps de leur mère reposerait dans l’enceinte même du palais royal de Tanger, un honneur habituellement réservé aux plus hautes figures de l’État. Malgré les tentatives de certains conseillers pour limiter leur ascendant, les Azaitar semblent avoir tissé une toile inextricable autour du roi.

Une monarchie en quête de repères

Cette recomposition de l’entourage royal révèle les mutations profondes d’une monarchie chérifienne en plein questionnement. Alors que The Economist pointe les absences prolongées du roi – près de 200 jours en 2022 – ces nouvelles alliances redessinent les contours du pouvoir.

Dans ce paysage complexe, Yusef Kaddur fait cependant figure d’exception. Sa loyauté, née d’un geste d’humanité du roi, tranche avec les relations plus troubles qu’entretient Mohammed VI avec d’autres membres de son cercle rapproché. Entre fidélité sincère et opportunisme, son entourage dessine le portrait d’un souverain dont le règne prend des chemins de traverse, loin des sentiers balisés du protocole traditionnel.

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