Ainée d’une fratrie de 8 enfants, Sista Clarisse est l’une des rares femmes qui portent l’étendard de la musique congolaise au-delà de ses frontières. Fille d’un ingénieur agronome et d’une institutrice, la famille de la native du Congo Brazzaville quitte ce pays d’Afrique Centrale, après que ses parents aient été choisis parmi les cadres qui poursuivront leurs formations en Europe. Sur place, son père obtient un diplôme de doctorat en sciences économiques et sa mère devient pharmacienne.
Après l’obtention du bac en Sciences économiques et un début d’un cursus universitaire marqué par un manque de soutien suite à la conjoncture socioéconomique, Sista Clarisse décide de changer son fusil d’épaule, mettant ainsi de côté les études pour la musique. « J’entame des études universitaires, d’abord en géographie puis en économie. Mais je vais très vite m’y sentir mal et abandonner, car je trouvais injuste d’avoir à fournir trois fois plus d’efforts que les autres. N’ayant pas le soutien familial, je devais travailler, payer mes études et obtenir de bons résultats ».
Retour sur un début de carrière surprenante !
Alors que le Congo, son pays natal, reste dominé par la Rumba, le Coupé-décalé et le Soukouss, Sista Clarisse se tourne plutôt vers le reggae, qu’elle découvre pendant son adolescence. Inspirée par Peter Tosh , Max Romeo ou encore Bob Marley, cette artiste reconnait avoir été séduite par la profondeur des chansons reggae. Ce qui justifie d’ailleurs son choix à ce genre musical, qui n’attire pas assez de femmes . « La musique est entrée dans ma vie par une petite porte. Le reggae est le premier genre que j’ai écouté à l’âge où on commence à faire ses propres choix. Cette musique a été celle dans laquelle je me reconnaissais. Je pouvais m’identifier dans les textes que j’entendais. J’aimais ce côté conscient, par les textes et festif à la fois, par la musique », raconte-t-elle.
« Je veux aller le plus loin possible »
Après des prestations plutôt réussies dans les soirées reggae, de nombreuses collaborations avec certains grands noms de la musique mondiale comme David Koven et la création de la plateforme Kongo Culture ou encore de l’association Ndako ya Mampila, celle à qui on reconnait les talents d’auteure, réalisatrice des clips, reportages et documentaires s’est taillée une place de choix sur la scène musicale grâce à son premier album « Fleur sauvage » paru en 2014. Depuis lors, elle est considérée comme l’une des ambassadrices de la musique congolaise au-delà de ses frontières.
Ainsi, si l’ascension a toujours été un sursaut d’orgueil pour certains, pour les autres elle a toujours été un motif d’abnégation et du sens élevé de responsabilité. Ceci est d’ailleurs le cas de Sista Clarisse qui, en dépit de ses tubes à succès comme « Rythm of the jungle », « Empreinte digitale » ou encore « Remember » exprime toujours l’ambition d’atteindre un public plus large. « Au stade où j’en suis, on peut parler de carrière. Plus de 20 ans de scènes, de studios, 3 albums, autant de singles, de nombreuses participations à des compilations et mixtapes. Mon seul et unique souci est de pouvoir être audible auprès d’un grand auditoire. Je veux aller plus possible ».