Qui est Rigobert Song Bahanag, le nouveau coach des Lions Indomptables du Cameroun


Lecture 6 min.
Rigobert Song, ancien Lion du Cameroun
Rigobert Song, ancien Lion du Cameroun

La date du 28 février 2022 restera à jamais gravée dans les cœurs des populations camerounaises, qu’elles soient des amoureux du ballon rond ou non. Et pour cause, Rigobert Song Bahanag, ancien capitaine emblématique des Lions Indomptables du Cameroun, vient d’être nommé entraîneur-sélectionneur national de l’équipe fanion du Cameroun. Il remplace ainsi le Portugais Antonio Conceiçao, à la tête des Lions Indomptables.

Né le 1er juillet 1976 à Nkenglikok, village situé dans la région du Centre du Cameroun, Rigobert Song a joué au poste de défenseur central. Avec 137 capes, il est le détenteur du record du plus grand nombre de sélections avec les Lions indomptables. Après deux saisons au Tonnerre de Yaoundé, soit de 92 à 94, il arrive en Europe en 1994, dans le club français du FC Metz, juste après la Coupe du monde jouée quelques semaines auparavant aux États Unis. Durant quatre saisons, Song écrit les plus belles pages de l’histoire des grenats.

En compagnie de Robert Pirés, Cyrille Pouget, Sylvain Kastendeuch ou encore son compatriote jacques Songo’o, il réussit à remporter avec le club messin une coupe de la ligue, en 1996, sans oublier une très jolie deuxième place récoltée à l’issue d’une saison 97-98 âprement disputée avec le RC Lens qui finit champion. Des passages rapides sont ensuite à noter d’abord à Salernitana en Italie, entre 98 et 99 puis Liverpool entre 99 et 2000. Il restera deux saisons supplémentaires en Premier League, à West Ham plus exactement, où il ne disputera néanmoins qu’une vingtaine de matchs. Il tente ensuite le FC Cologne, en Allemagne, entre 2001 et 2002.

C’est ainsi qu’il revient en France, du côté du RC Lens où il retrouve son ancien entraîneur du FC Metz, Joel Muller. Song s’adapte facilement dans sa nouvelle équipe où on retrouve une forte communauté africaine, représentée par les Sénégalais Ferdinand Coly, Papa Bouba Diop, les Maliens Seydou Keita, Adama Coulibaly, le Nigérian John Utaka ou encore l’Ivoirien Dagui Bakary. Il devient le leader et même le capitaine de la formation lensoise, après les départs de Guillaume Warmuz et Jocelyn Blanchard.

En 2004, Rigobert Song décide de s’envoler pour la Turquie, à Galatasaray, l’un des clubs les plus légendaires du pays. Après quelques conflits avec Éric Gerets, il trouve une place de titulaire, lors du départ du technicien belge. Après quatre saisons passées à Istanbul et deux titres de champion de Turquie glanés, Song reste en Turquie et s’engage à Trabzonspor, où il côtoie un ancien partenaire à Lens, le Guinéen Daouda Jabi. De 2008 à 2010, il dispute une cinquantaine de matchs conclus par un titre de vainqueur de la Coupe de Turquie, ce qui constituera la fin d’une carrière qui a duré près de 20 années.

Le nouvel team manager des Lions Indomptables du Cameroun compte à son palmarès 137 sélections en équipe nationale, et est donc le recordman de sélections dans son pays. Il a participé à 4 Coupes du monde (1994, 1998, 2002 et 2010). Il est à ce jour l’un des plus jeunes joueurs ayant participé à une Coupe du monde, à l’âge de 17 ans et 353 jours (tout comme son compatriote Samuel Eto’o à 17 ans et 3 mois, en 1998). Il est également le seul joueur africain à avoir participé à huit Coupes d’Afrique des Nations, avec un total de 36 matchs joués.

A lire : Rigobert Song : « Je suis honoré d’avoir été choisi » coach du Cameroun

En septembre 2010, juste après sa retraite, Rigobert Song devient consultant pour la chaîne Orange sport, où il commente principalement certains matchs de qualifications pour la Coupe d’Afrique des Nations 2012 ainsi que quelques matchs de Carling Cup, la Coupe de la ligue anglaise. En 2012, il est nommé Team manager de la sélection camerounaise, contre toute attente, par les administrateurs de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT), après avoir reçu l’onction du ministre des sports. Ce nouveau rôle va consister à coordonner l’organisation administrative au sein de la tanière.

Rigobert Song lors d'un match du CamerounLe 18 février 2016, il est nommé sélectionneur de l’équipe nationale A’ de football du Cameroun. Mais le 2 octobre 2016, Rigobert Song est hospitalisé à Yaoundé à la suite d’un accident vasculaire cérébral (AVC), plus exactement d’une rupture d’anévrisme. Il est transféré, le 5 octobre, en France où il est opéré « avec succès » à l’hôpital de la Salpêtrière (Paris). Lui qui a souvent été au centre des rumeurs concernant sa mort, revient ainsi de loin. Le peuple camerounais lui, n’a eu de cesse de manifester sa solidarité envers son ex capitaine. Le Cameroun tout entier se mobilise pour son héros. Les messages et les actes de soutien arrivent de tous les coins du pays et même du monde entier.

Bien remis de sa maladie, Song, qui déclarait « j’étais en déplacement, je suis de retour », décide de poursuivre sa carrière d’entraîneur, en octobre 2018, période durant laquelle il devient sélectionneur de l’équipe olympique du Cameroun. Si l’équipe n’a pas pu valider son billet pour Tokyo, elle espère sur une nouvelle génération de jeunes camerounais à qui Rigobert Song ne manquera pas de passer le flambeau pour les prochaines échéances qui les attendent. L’autre rêve absolu de Song demeure la sélection senior. « Si l’occasion se présente, je ne dirais pas non, je pense que je peux le gérer », confiait-il en 2018 à RFI, tout en sachant raison garder. « Mais je pense qu’être joueur ne veut pas dire être entraîneur, il y a une grosse différence ».

« Les Lions Indomptables sont le patrimoine de l’Etat du Cameroun. Le coach Rigobert Song, de son petit nom « Manyan », a été longtemps plébiscité à ce poste. Maintenant il est là ! Le signe indien a été vaincu ! Je n’ai pas de doute de ce qu’il sera à la hauteur des attentes des Camerounais, surtout que selon les médecins, son bilan de santé est au beau fixe. Mais seulement, j’ai quelques préoccupations : aura-t-il les mains libres ? Sera-t-il respecté par tous les joueurs ? Va-t-on lui faire signer un contrat, comme c’est souvent fait avec les expatriés ? Les fonctionnaires (sa hiérarchie) accepteront-ils que son salaire soit costaud (soit 2 500 000 FCFA pour les expatriés et 500 000 FCFA pour les nationaux) ? Sera-t-il payé à temps ? », s’interroge le journaliste sportif Ndjeck Guillaum.

« Bref, aura-t-il les mêmes avantages qu’un sélectionneur expatrié ? Après une défaite, ne va-t-on pas lui jeter les pierres dessus ou agresser sa famille/les membres de sa famille ? Je lance un vibrant appel à tous les Camerounais, de lui prêter main forte, afin qu’il mène à bien sa lourde mission. Je lui souhaite bien de choses ! Le football camerounais est déjà entre les mains des footballeurs, je veux dire « nationalisé » ! Les acteurs vont enfin vivre de leur métier et cesser d’emprunter les pistes du désert ou se noyer dans la mer. Je puis dire que le pari est gagné ! », a poursuivi l’homme de médias.

Newsletter Suivez Afrik.com sur Google News