La jeune Pakistanaise Malala Yousafzai a reçu, avec le militant des droits de l’Homme indien Satyarthi, le prix Nobel de la paix. Agée de 17 seulement, Malala est connue dans le monde entier pour le combat qu’elle mène depuis de nombreuses années pour la scolarisation des petites filles, dans la vallée de Swat, au nord-est du Pakistan contrôlé par les talibans. Elle a aussi fait entendre sa voix contre le groupe terroriste Boko Haram lorsqu’il a enlevé les plus de 200 lycéennes de Chibok, dans le nord du pays.
Regard rebelle. Cheveux étincelants noirs de jais, qu’elle laisse légèrement entrevoir à travers ses voiles colorés, Malala Yousafzai est connue du monde entier. Son combat pour la scolarisation des petites filles dans la vallée de Swat, au nord-ouest du Pakistan, contrôlée par les talibans, a fait le tour de la planète.
Fer de lance du combat pour l’éducation des filles
Pas étonnant qu’elle ait, ce vendredi, reçu le prix Nobel de la paix pour son abnégation et son courage à défendre les droits des enfants. Un combat mené au péril de sa vie. Il y a deux ans, en effet, les talibans ont mené une violente attaque contre le bus scolaire dans lequel elle se trouvait, pour tenter de l’assassiner. La jeune fille est grièvement blessée d’une balle dans la tête. Elle survit à l’attaque et se réfugie avec sa famille en Angleterre, où on lui prodigue des soins médicaux intensifs. Une fois sur pied, sa notoriété ne cesse alors de grandir. Elle attire très vite l’opinion dans son pays, indignée par cette brutalité des talibans.
La communauté internationale dénonce aussi l’action des talibans. Peu à peu, Malala est invitée sur les plateaux de télévisions des médias occidentaux. Elle émet même un discours à l’ONU, célèbre jusqu’à présent. Elle rencontre le Président américain Barack Obama à la Maison blanche. Et effectue même un discours au Congrès américain. Malala est aussi élue par le magazine Time parmi les 100 personnes les plus influentes dans le monde.
Tout commence en 2009. Malala Yousafzai n’a alors que onze ans quand elle est devenue célèbre en signant, sous le pseudonyme Gul Makai, le blog en ourdou Journal d’une écolière pakistanaise (extraits en anglais) sur le site Internet de la chaîne britannique BBC. La jeune fille y raconte son quotidien, dénonçant les violences commises par les talibans qui, après avoir pris le contrôle de la vallée de Swat, au nord-ouest du Pakistan en 2007, incendient les écoles pour filles et assassinent leurs opposants dans la région. L’objectif du blog est de témoigner de la fermeture des écoles de filles par les talibans.
Tel père, telle fille
On ne peut pas parler de Malala sans son père Ziauddin, un militant anti-taliban qui préside une association de 500 écoles privées dans la vallée. D’ailleurs, les journalistes qui ont rencontré le père et la fille avant la tentative d’assassinat sur Malala se souviennent d’un homme de conviction, enseignant, dirigeant d’une école privée fermée par l’édit des Talibans. Selon le journaliste Adam Ellick, qui a tourné un documentaire (vidéo) pour le New York Times , en 2009 avec Malala alors âgée de 11 ans, et son père, c’est l’histoire d’un père et de sa fille, plus que l’histoire d’une petite fille. Selon le journaliste, « son père a une implication révolutionnaire dans sa cause. C’est un personnage unique et complexe ». Mustafa Qadri de Amnesty international le décrivait dans un article de l’hebdomadaire Time « comme un homme très pieux, évoquant constamment l’islam pour demander que sa fille et les femmes aient les mêmes droits que les hommes. Ziauddin est très courageux, et très éloquent, comme Malala ».
Inspirée par Marthin Luther King et Mandela
Malala, qui fait de l’éducation des filles son combat et la raison de son existence, a aussi des ambitions politiques. « Plus tard, je serai une femme politique. Je veux changer l’avenir de mon pays et rendre l’éducation obligatoire », avait-elle confié à la BBC en octobre 2013.
La jeune fille, qui affirme s’être inspirée des combats menés par Martin Luther King et Nelson Mandela, a également raconté son histoire dans un livre paru en octobre 2013 et dont des extraits ont été publiés par le Sunday Times.