Barack Obama, 46 ans, est aujourd’hui un sérieux prétendant à la magistrature suprême des Etats-Unis. Depuis le début du mois, il a réduit son retard d’une dizaine de points, dans les sondages, sur la favorite dans la course pour l’investiture du Parti Démocrate, Hillary Clinton.
Qui est cet homme qui entend briguer la présidence de la première puissance mondiale ? Qui se cache derrière ce sourire ravageur et cette allure de gendre idéal ? Quels sont ses origines, son parcours, son programme, ses failles ? Avec « L’Amérique de Barack Obama » (Ed. Demopolis), François Durpaire et Olivier Richomme consacrent une biographie passionnante à celui qui pourrait bientôt devenir le premier président noir des Etats-Unis.
Barack Obama sera-t-il le prochain président des Etats-Unis ? Depuis un an, la question s’est inscrite en haut des pages de toute la presse internationale. Pourtant, avant le 10 février 2007, date à laquelle il s’est présenté à l’investiture du Parti démocrate, seuls les spécialistes de la vie politique américaine connaissaient le sénateur de l’Illinois. La raison d’une telle frénésie, d’une telle passion pour ce candidat ? L’on pourrait faire valoir les qualités intrinsèques de l’homme, jeune, beau, éloquent et brillant. Mais il faut bien reconnaître que c’est sa couleur de peau, noire, qui a en premier lieu focalisé l’attention des médias.
L’historien François Durpaire, co-auteur de L’Amérique de Barack Obama et président de l’Institut des Diasporas Noires Francophones, entendait bien rester à l’écart de cette agitation. Lorsque Laurent Hebenstreit lui a proposé d’écrire la biographie du politicien pour les éditions Demopolis, il a d’abord refusé. Mais, après réflexion, il s’est rendu compte que le personnage de Barack Obama rejoignait son sujet de réflexion du moment : le transnationalisme. « Barack Obama a tout dans son héritage pour bénéficier des voix de toutes les communautés. Chaque américain d’aujourd’hui peut se retrouver en lui, et il en joue de façon très rusée. », nous a expliqué François Durpaire.
Cet héritage nous est dévoilé dans la première partie du livre où nous découvrons à quel point Barack Obama est un personnage singulier et complexe. Né à Hawaï en 1961, d’une mère blanche américaine et d’un père kényan, il vit cinq années dans le pays de son beau-père, l’Indonésie, avant de revenir à Hawaï, à l’âge de 10 ans, où ses grands-parents maternels se chargent de son éducation. Mais, comme le précisent les auteurs de la biographie, « au pays du métissage, Obama n’est pas vu comme un métis, mais comme un Noir. » Pour son premier jour de classe, à Hawaï, « un garçon se met à gesticuler comme un singe, provoquant un fou rire collectif dans la salle. » Ces appartenances multiples, le jeune Barrack les a portées comme une croix. Adolescent torturé, il a consommé de la cocaïne, s’est englué dans le doute, l’insatisfaction. Et, s’étant rapproché de ses amis noirs, il est difficilement parvenu à gérer les violentes récriminations que ces derniers portaient à l’égard des Blancs.
L’entrée à l’université puis ses premières expériences professionnelles vont balayer ses tourments. En 1981, il rejoint la prestigieuse université new-yorkaise de Columbia, et en 1988 la non moins prestigieuse Harvard où il étudie le droit. Entre les deux, il s’est découvert une vocation : l’engagement social. Plutôt que d’envisager une clinquante et lucrative carrière dans une multinationale ou un grand cabinet de juriste, il préfère travailler à l’amélioration des conditions de vie de ses concitoyens, à la lutte contre les inégalités. Un combat au nom duquel il s’engagera en politique. En 2005, il devient sénateur de l’Illinois. Et deux ans plus tard, devenu la véritable coqueluche des médias américains, il se présente à l’investiture du Parti Démocrate pour les présidentielles.
À l’épreuve des maux de l’Amérique
La deuxième partie de L’Amérique de Barack Obama est thématique. Les auteurs y présentent la position de Barack Obama sur tous les grands dossiers de la politique américaine : la guerre d’Irak, l’assurance maladie, l’immigration clandestine, la protection de l’environnement, l’avortement, les droits des homosexuels, la religion… L’un des chapitres les plus passionnants de cette seconde moitié de l’ouvrage porte sur la question raciale. En effet, Obama, métis, marié avec une afro-américaine descendante d’esclaves, tente le difficile pari de dépasser le clivage noir/blanc constitutif de la société américaine, provoquant tantôt la défiance tantôt l’adhésion des membres de la communauté noire.
François Durpaire présente Barack Obama comme un « citoyen transnational » et un « symbole pour les minorités visibles en France » où l’idée d’avoir un jour un président originaire d’Afrique paraît encore surréaliste au plus grand nombre. Il présente bien quelques défauts que lui attribuent ses adversaires, son inexpérience, son ascension fulgurante, mais pour aussitôt prendre sa défense. L’historien aurait-il succombé au charme de son objet d’étude, succombé à l’Obamania pour se transformer en avocat de sa cause ? « Avocat du sujet, oui, avocat de mon personnage, non, nous a répondu François Durpaire. Barack Obama est un homme politique qui entre en résonance avec mon sujet de recherche, le transnationalisme. Là où je pourrais me faire son avocat, ce serait plutôt dans sa participation à l’émergence d’un nouveau style de politique. »
Le style Obama convaincra-t-il les électeurs américains ? A-t-il des chances de devenir président des Etats-Unis ? Pour François Durpaire, le plus grand obstacle qui se dresse devant Barack Obama est une autre candidate de son parti : Hillary Clinton. « C’est une élection hyper indécise, nous a confié l’historien. Moi, je pense que ça va se jouer dans les primaires, début 2008. S’il les gagne, oui, il a des chances d’être élu président. Car je pense que c’est un candidat démocrate qui va remporter les élections. (…) Le bilan des Républicains est tellement lourd, que je ne les vois vraiment pas gagner. »
François Durpaire, Olivier Richomme. L’Amérique de Barack Obama. Demopolis, 2007, 191p.
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