Qui dirigera le « trésor de guerre » de l’Afrique ? Cinq prétendants pour un fauteuil


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Transition énergétique, infrastructures, industrialisation : l’Afrique a besoin de financements massifs pour se transformer. Dans ce contexte, la succession du Nigérian Akinwumi Adesina à la tête de la Banque africaine de développement (BAD) représente un enjeu stratégique majeur. L’institution, qui orchestrera ces investissements colossaux, verra l’un des cinq candidats retenus prendre les rênes lors de l’élection prévue le 29 mai à Abidjan.

Parmi les cinq prétendants, Bajabulile Swazi Tshabalala pourrait briser un double plafond de verre. Cette Sud-Africaine deviendrait non seulement la première femme à diriger l’institution, mais aussi la première représentante de l’Afrique australe à ce poste. Vice-présidente de la BAD jusqu’en octobre dernier, elle est perçue comme la candidate de la continuité. Son bilan plaide pour elle : sous son impulsion, l’institution a su innover en adoptant des outils financiers modernes, comme le capital hybride, permettant de démultiplier les capacités d’investissement face au défi climatique.

Dans la même veine, le Sénégalais Amadou Hott incarne une continuité modernisatrice. Ancien ministre de l’Économie reconverti en envoyé spécial pour l’Alliance verte en Afrique, il combine expertise financière et engagement environnemental. Mais un obstacle se dresse : après deux mandats ouest-africains avec Adesina, les équilibres régionaux pourraient privilégier un candidat d’une autre zone du continent que l’Afrique de l’Ouest.

Des outsiders aux profils contrastés

Le Tchadien Mahamat Abbas Tolli se présente fort du soutien de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC). Son expérience à la tête de la Banque des États d’Afrique centrale (BEAC) lui confère une légitimité régionale, malgré des controverses sur sa gestion des réserves monétaires de la zone.

Le Mauritanien Sidi Ould Tah avance des arguments solides : sous sa présidence, la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA) a vu son capital exploser. Ses connexions avec les fonds souverains du Golfe pourraient ouvrir de nouvelles sources de financement. La Côte d’Ivoire, pays hôte de la BAD, verrait d’un bon œil ce profil capable d’attirer des investissements stratégiques.

Enfin, le Zambien Samuel Munzele Maimbo complète ce tableau avec un profil plus technique. Issu de la Banque mondiale, il met en avant une approche fondée sur l’efficacité et la mesure d’impact des politiques de développement. Si sa faible maîtrise du français pourrait le handicaper dans une institution majoritairement francophone, son expertise en matière d’évaluation des projets répond aux exigences croissantes de performance.

Un choix important pour le continent

Avec 81 pays membres, dont 54 africains, la BAD n’est pas qu’une banque classique. Elle représente le principal levier financier pour catalyser la transformation du continent. Agriculture, infrastructures, transition énergétique, industrialisation : les besoins de financement sont estimés en milliers de milliards de dollars.

Le futur dirigeant devra marier vision politique et expertise financière pour mobiliser ces ressources colossales. Le 29 mai, l’élection dira qui sera le prochain architecte du développement africain.

Masque Africamaat
Spécialiste de l'actualité d'Afrique Centrale, mais pas uniquement ! Et ne dédaigne pas travailler sur la culture et l'histoire de temps en temps.
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