C’est sans surprise que l’opposition Burkinabè a échoué, et ce pour
une Nième fois, aux élections municipales et législatives couplées du
02 décembre dernier. N’ont que cette défaite n’ait pas été prévisible,
mais elle pose une fois encore la question suivante : quelle place
pour quelle opposition burkinabè ?
Une opposition en rang dispersé
Il est difficile, voir impossible, dans un pays aux multiples partis
politiques de pouvoir constituer une opposition unie. Quand on sait
qu’il existe d’ailleurs des opposants, des dizaines, à la solde du
pouvoir en place, chacun reste méfiant à l’égard de cette union. Mais
une question, la vraie, reste quand même posée : veut-on le changement
ou pas ? Evidemment si les opposants répondaient par la négative à
cette question on aurait compris facilement leurs agissements.
La politique est un jeu d’alliance et d’intérêts et l’opposition le
sait bien. Pourquoi, connaissant ses faiblesses financières et
stratégiques, a-t-elle décidé de partir en rang dispersé à cette
élection ? Sankaristes, UPCistes, Batisseurs,
PARENistes,…voulaient-ils vraiment le changement ? On est tenté de
dire que les opposants sont allés aux élections pour se disputer la
direction du CFOP (Chef de File de l’Opposition Politique) qui n’est
autre qu’un instrument de manipulation créé par le pouvoir pour semer
la division dans les rangs de l’opposition. On retiendra qu’à l’issue
de ces élections l’opposition a réussi à faire l’alternance en son
sein. Mais que cela change-t-il ? L’exemple sénégalais n’a pas servi
de leçon aux opposants burkinabè. On ne peut pas changer la situation
de confiscation du pouvoir par une minorité – situation que vit le
Burkina dans la désunion !
Quelle opposition politique pour quel peuple?
Ceux qui se disent que le peuple Burkinabè à fait un vrai choix se
trompent grandement. Dans une situation où les populations sont
contraintes de suivre l’excitation de leur estomac, il était évident
que leur choix se porterait en faveur de celui qui leur réclame des
voix en échange de nourriture.
L’opposition Burkinabè se doit d’être celle qui fait un réel travail
de conscientisation des populations. Les législatives du 20 décembre
ont récolté plus 24 000 bulletins nuls dans la seule province du Houet
(BOBO). Et parmi ces bulletins on en trouve qui expriment vraiment une
aliénation morale de la population burkinabè. Sur ces bulletins ont
été faits plusieurs choix ! Certains membres du personnel électoral
expliquent qu’ils ont vu des cas où des électeurs disent vouloir voter
pour plusieurs partis en compensation de plusieurs plats de riz où de
plusieurs gadgets reçus de plusieurs partis…
L’opposition dont le peuple burkinabè se réclame est celle capable de
surmonter ses différences. Celle qui met le burkinabè au centre de ses
actions. Des opposants qui répondront aux vraies questions posées par
les populations que sont : la question de la propriété des terres,
l’assouplissement des taxes, la lutte contre la corruption, le
démantèlement d’un système de capitalisme de connivence au profit d’un
climat sain des affaires dans lequel tout un chacun peut émerger en
tant qu’entrepreneur et faire ainsi reculer la pauvreté, mais aussi la
liberté de conscience.
Aucun changement n’est possible sans une réelle présence et
implication auprès des populations, nécessaire pour bien saisir tous
ces problèmes qui font du quotidien un véritable chemin de croix.
L’avenir politique du Burkina appartient aux hommes et aux femmes
francs et loyaux n’abusant pas de leur pouvoir et reconnaissant que le
vrai maître c’est le peuple – sous l’état de droit – et non un système
fabriqué pour servir les puissants au détriment des faibles.
A défaut d’avoir satisfaction, les burkinabè voteront toujours pour «
leur estomac affamé ». Ce court-termisme malheureux fait le bonheur
des hommes politiques opportunistes.