Depuis 2009, la justice française enquête sur les propriétés de plusieurs dirigeants africains. Dans le viseur, les familles des présidents Omar Bongo Ondimba du Gabon, Denis Sassou N’Guesso du Congo et Teodoro Obiang Nguéma de Guinée équatoriale. Mais que vont devenir ces biens mal acquis de la famille Bongo ?
En mai 2009, la doyenne des juges d’instruction au pôle financier de Paris, Françoise Desset, ordonnait l’ouverture d’une enquête judiciaire sur les biens luxueux acquis par trois chefs d’État africains en France. Cette ouverture faisait suite à une plainte déposée par Transparency International (TI).
Petit à petit, la justice française découvre la fortune mise à l’abri par les familles d’Omar Bongo Ondimba, Denis Sassou N’Guesso et Teodoro Obiang Nguéma. Des biens considérés comme du « recel de détournement de fonds publics, blanchiment, abus de bien social, abus de confiance et complicités ».
Les trois familles ont acquis, en France, des voitures, des montres, des œuvres d’art et des biens immobiliers. Pour la seule famille Bongo, pas moins de 33 propriétés en région parisienne et 11 sur la côte d’Azur !
150 M€ de biens mal acquis de la famille Bongo
En 2021, la justice française évalue à 150 M€ les biens de la famille Bongo détenus en France. Moins bien cependant que le voisin de Guinée équatoriale. Le jeune Teodoro Obiang bat tous les records.
Le plus spectaculaire a, en effet, été la récupération des biens dans l’hôtel particulier de Teodoro Obiang avenue Foch. Dans les 5000 m2 de sa demeure parisienne, deux camions de meubles pour plus de 40 M€. Et surtout plusieurs dizaines de voitures de luxe récupérées par la police française. L’hôtel particulier en lui même doit valoir près de 150 M€.
Coté famille Bongo, on est juste en dessous pour la taille de l’hôtel particulier. Mediapart parle d’une résidence de 4674 m2 d’une valeur de 100 M€.
Le Gabon est proprio à Paris d'un hôtel particulier de 4 674 m2, acheté 100 M€ en 2010 sur ordre de son président. Aujourd'hui, Ali Bongo essaie de dissimuler son emplette en la camouflant en adresse diplomatique. Avec la bénédiction du quai d'Orsay…
➡️ https://t.co/Tpwe6OCaMI pic.twitter.com/TqvXHtQ0c6
— Le Canard enchaîné (@canardenchaine) August 24, 2023
Pascaline Bongo dans le viseur
Pour les biens de la famille Bongo, la Cour d’Appel de Paris a tranché, en févier 2022. il s’agit bien d’un patrimoine acquis frauduleusement. Cette fortune proviendrait « de l’argent issu de détournements de fonds publics et des sommes considérables provenant du délit de corruption des sociétés pétrolières« , notamment Elf Aquitaine aujourd’hui TotalEnergies.
La banque française BNP Paribas est mise en examen, en 2021, pour « blanchiment de corruption et de détournement de fonds publics » dans l’enquête sur le patrimoine de la famille Bongo.
Parmi les enfants d’Omar Bongo dans le viseur de la police française, on trouve en première ligne sa fille, Pascaline Bongo, qui est soupçonnée d’être derrière le coup d’État ayant déposé son frère. Car le nouvel homme fort du Gabon, le général Brice Oligui Nguema, n’échappe pas lui non plus au soupçons d’enrichissement personnel, alors qu’il était aide de camp d’Omar Bongo. L’organisation Organized Crime and Corruption Reporting Project a publié une longue enquête sur la famille Bongo où il est, lui aussi, épinglé.
C’est pourquoi la priorité du Gabon devrait être le retour au pouvoir d’un Président démocratiquement élu et pas le maintien d’un militaire lié à la famille Bongo. Quant aux biens de la famille, il convient qu’elle revienne évidemment au peuple gabonais.