Dans son article, Danny Bradlow, relève les faiblesses de l’ONU qui n’a pas de réels mécanismes qui puissent engager sa responsabilité en cas de défaillance de ses équipes de terrain. Il dénonce également le manque de transparence de l’organisation. Il incite alors les pays africains à profiter du changement récent de Secrétaire général pour faire part de ces exigences tout en demandant une attention particulière pour le continent africain qui malgré ses progrès économiques reste encore dans la pauvreté et les conflits.
Les gouvernements africains et la société civile nourrissent de fortes attentes à l’égard du nouveau Secrétaire général de l’ONU: des attentes relatives à la réforme possible de l’Organisation des Nations Unies elle-même. D’un côté, il faudrait appuyer la demande pour une meilleure représentativité au sein du Conseil de sécurité et en même temps pousser la réforme des procédures de vote. Les obstacles politiques complexes qui entourent ces deux questions pourraient rendre peu probable le changement durant le mandat de cinq ans du nouveau Secrétaire général. Alors sur quoi concentrer le combat africain ?
Pour être plus réaliste, l’Afrique devrait dans un premier temps exiger plus de responsabilité de l’ONU. En effet, l’organisation mondiale promeut l’idée selon laquelle la bonne gouvernance exige de ceux qui exercent l’autorité publique de rendre des comptes. Pourtant, l’ONU ne pratique pas ce qu’elle prêche. En fait, elle exerce un pouvoir important sur la vie de nombreux Africains sans assumer les conséquences de ses actions.
Par exemple, lorsque les fonctionnaires qui dirigent les camps de réfugiés des Nations Unies se comportent abusivement, il n’y a pas de possibilité pour les victimes de demander réparation. En fait, l’ONU a été réticente à assumer la responsabilité des infractions sexuelles commises par ses soldats de la paix. De même, à ce jour, l’ONU n’a pas accepté la responsabilité et n’a mis aucun mécanisme en place pour assumer sa responsabilité dans la propagation du choléra en Haïti. Cela vaut également pour son incapacité à protéger les réfugiés au Kosovo de l’empoisonnement au plomb.
Remettre en cause l’immunité organisationnelle
Le pire des cas serait que le nouveau Secrétaire général ne perçoive pas la réforme institutionnelle comme prioritaire. Cela signifierait un nouveau patron se complaisant dans l’immunité de son organisation et qui continuerait à ne rendre aucun compte quelques soient les erreurs commises.
Le meilleur scénario serait que le nouveau Secrétaire général mette en place une institution indépendante habilitée à demander des comptes à l’ONU lorsque ses actions causent des dommages. Cela permettrait de responsabiliser l’organisation mondiale et de réparer les dommages causés.
Ainsi l’Afrique devrait inciter le nouveau chef de l’ONU à créer une institution formelle et indépendante de reddition de comptes, ce qui permettrait aux Africains de disposer de moyens de recours effectifs.
Les préoccupations de fond de l’Afrique
Les préoccupations de fond de l’Afrique ont trait à la paix et à la sécurité et au développement. Le continent doit attendre du nouveau Secrétaire général qu’il renforce la coordination entre l’ONU et les organisations régionales africaines. Celles-ci incluent l’Union africaine, dont la mission comprend la promotion de la paix, de la sécurité et le développement durable. Elle favorise également la coopération internationale dans le cadre de la Charte des Nations Unies et la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Le nouveau Secrétaire général doit veiller à ce que les différents organismes et programmes spécialisés des Nations Unies travaillent efficacement avec les parties prenantes africaines. Compte tenu des ressources limitées de l’ONU, le Secrétaire général devrait accorder la priorité aux questions qui touchent l’Afrique, mais dont la portée et les ramifications sont mondiales. Les plus urgentes sont les problèmes de migration et de réfugiés africains. Ceci est valable tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du continent.
L’autre priorité de fond est la promotion des objectifs de développement durable (ODD). Ceux-ci sont liés aux défis de la migration et des réfugiés, et à la sécurité mondiale. Les Africains risquent leur vie pour fuir la persécution, la violence et la pauvreté. Ils ne resteront chez eux que lorsque leurs pays pourront leur offrir la possibilité d’une vie avec dignité et des opportunités.
La création de ces conditions requière du nouveau Secrétaire général de l’ONU de travailler avec les gouvernements africains, la société civile (donateurs, organisations internationales et régionales et ONG internationales). Les ODD fournissent une feuille de route utile pour guider les actions de toutes ces parties.
Pour l’intérêt des Africains
Le Secrétaire général peut jouer un rôle crucial dans la promotion et la coordination des actions de toutes ces parties au profit des citoyens africains. Ce serait également bénéfique pour les pays où les Africains ont tendance à migrer. Il est donc fortement souhaitable que le nouveau Secrétaire général ne se focalise pas seulement sur les préoccupations politiques des plus grands et des plus puissants membres de l’ONU.
Ainsi, les vœux de l’Afrique se tournent vers la personne d’un nouveau Secrétaire général qui place les besoins de l’Afrique en priorité sur l’agenda mondial. En effet, le continent, malgré les progrès enregistrés ces dernières années, est toujours en proie à la pauvreté et aux conflits et mérite donc des actions particulières dans le sens de la paix, de la sécurité et de la mise en œuvre des ODD. Notons également que si l’ONU fait preuve de plus de transparence et met en place un mécanisme permettant d’assumer ses responsabilités en cas de dérapages, cela ne pourra que tirer vers le haut les pays africains dont la majorité s’illustre dans une gouvernance médiocre.