Quand les assureurs assument la prévention


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Drapeau du Sénégal
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Aux grands maux, les grands remèdes. Pour réduire les coûts intolérables des sinistres, les sociétés d’assurance sénégalaises viennent de se lancer dans la prévention routière. M. Bathily, secrétaire général de la Fédération sénégalaise des sociétés d’assurance, explique ce choix.

Afrik : Constatez-vous une forte augmentation du nombre d’accidents au Sénégal ?

M. Bathily : La fédération ne dispose pas de statistiques exhaustives. Mais, à travers les réparations, nous avons une connaissance qualitative des types et des facteurs d’accident. Or, on constate une recrudescence des comportements dangereux, excès de vitesse, passages sur les bas-côtés ou compétitions, qui se traduit notamment par un grand nombre de décès à l’intérieur comme à l’extérieur des véhicules. A titre d’exemple, deux accidents ont fait à eux seuls plus de 20 victimes en une semaine. Cette augmentation est bien sûr due à l’accroissement du parc automobile, mais aussi et surtout à l’inexistence d’une action concertée de sécurité routière.

Afrik : Quelles sont les conséquences économiques pour les sociétés d’assurance ?

M. Bathily : Elles doivent faire face à des remboursements de plus en plus lourds. Le total des primes d’assurance s’élève aujourd’hui à près de 10 milliards de F cfa par an. Or 8 milliards de F cfa repartent rien qu’en règlement des sinistres, ce qui équivaut à 75 ou 80% de la somme initiale. A titre de comparaison, en 1994, sur 5 milliards de F cfa de primes, environ 50% servaient à payer les sinistres.

Afrik : L’augmentation du coût des sinistres se répercute-t-elle sur les primes d’assurance?

M. Bathily : Pour le moment, les primes d’assurance sont restées stables et correspondent à un tarif minimum négocié avec les autorités. Elles sont soumises à une réglementation qui nous oblige à obtenir une autorisation des pouvoirs publics pour toute augmentation. Dans l’immédiat, il n’y a pas d’épreuve de force entre les sociétés d’assurance et les pouvoirs publics. Nous préférons parier sur la prévention.

Afrik : Justement, vous venez de mettre en place une  » Nouvelle prévention routière « . Qu’est-ce qui a motivé cette décision et quelles seront les actions de l’association?

M. Bathily : Nous avons pris conscience que nous sommes les premiers à supporter les frais de cette situation. Jusqu’à présent, nous avons cherché et réussi à limiter le nombre de véhicules circulant sans assurance. Aujourd’hui, la seule façon de réduire significativement le nombre de sinistres, c’est de s’engager dans une prévention, qui passe à la fois par l’information, la formation et la répression. La Nouvelle prévention routière, mise en place il y a un mois, agit surtout à l’occasion des grandes migrations sur la route. Le but est alors d’informer les gens, mais aussi d’éviter les encombrements qui suscitent des comportements à risque par une signalétique et la présence d’agents aux points critiques.

Afrik : Comment ses actions vont-elles être financées ?

M. Bathily : L’Etat s’est impliqué dans la mise en place de cette structure, où siégeront des représentants des ministères de l’Equipement, de la Santé et de l’Assurance. Il devrait participer à hauteur de 5 millions de F cfa par an. Nous essayons également d’obtenir le concours des banques qui souhaiteraient associer leur image à cette action. Enfin, l’association s’est créée en partenariat avec tous les principaux usagers de la route, sociétés de transports, compagnies pétrolières, concessionnaires, chauffeurs… Et nous souhaitons que tous contribuent financièrement à l’effort de prévention. Il n’y a qu’à ce prix que nous limiterons les risques sur la route, qui concernent tout le monde.

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