Les Britanniques ont vendu plusieurs dizaines des plaques de bronze béninoises dont ils s’étaient emparés durant leur occupation de la région. Alors que le gouvernement nigérian réclame la restitution de la totalité de ces oeuvres d’art, la révélation de ces ventes relance la polémique.
Le British Museum de Londres a vendu plus de trente bronzes béninois depuis 1950. C’est l’information étonnante que dévoile un rapport qui vient d’être déclassifié par le gouvernement britannique. Une information qui devrait intéresser au plus haut point ceux qui militent pour un retour de ces oeuvres dans leur pays d’origine.
Ces oeuvres d’art avaient été récupérées par les Anglais lorsqu’ils avaient envahi le royaume du Bénin en 1897, région qui constitue désormais le sud-ouest du Nigeria. Ils avaient alors fait main basse sur plus de 700 plaques de bronze qui décoraient les piliers en bois soutenant le toit du palais d’Oba.
Les bronzes béninois éparpillés
Les ventes commencent en 1950, lorsque dix bronzes sont vendus au Nigeria pour 1500 livres (2286 euros), les Anglais, toujours maîtres du pays, voulant créer un musée national à Lagos. Les Anglais n’étant pas satisfaits de ces prix et ne sachant comment évaluer la valeur des oeuvres béninoises, ils font appel à un marchand d’art privé. Une méthode plutôt douteuse, qui leur assure un maximum de profit. Le marchand réussit à placer quatre plaques pour 1100 livres (1676 euros), ce qui décide le musée à les proposer au Nigeria au prix de 1050 livres (1600 euros), lui accordant une réduction grotesque de 76 euros.
Dans les années 1950, 1960 et 1970 quelques bronzes furent encore vendus aux autorités de Lagos. Plusieurs furent également acquises par des collectionneurs ou des marchands occidentaux. Le gouvernement nigérian a beau réclamer depuis longtemps leur retour au pays, Londres est restée inflexible.
Ces révélations pourraient cependant changer la donne. En effet, dans le contexte actuel, où une pression croissante s’exerce sur les Occidentaux pour qu’ils restituent les oeuvres d’art dérobées en Afrique, Londres aura du mal à justifier sa vente de bronzes béninois.