La mairie du Cap, en Afrique du Sud, vient de produire un rapport très complet sur l’ensemble des activités » de divertissement pour adultes « . Comprendre : la prostitution et les bars clandestins. Face à l’ampleur du phénomène, l’idée de construire un » Quartier rouge » pour surveiller de près ces lieux interlopes fait son chemin.
La mairie du Cap se penche sur ses bas-fonds. Ses services viennent de produire un rapport édifiant sur l’ensemble des activités dites de » divertissement pour adultes « . Au total, les autorités ont recensé pas moins de 20 000 commerces illégaux, débits de boisson clandestins (shebeens), sex-shops, maisons closes, salons de massage et hôtels de passe. Forts de ces informations, les services d’urbanisme sont confrontés à problème nouveau, à la fois technique et politique : comment gérer la prolifération de ces lieux souterrains ?
La répression pure et simple ne semble pas la meilleure des solutions. Et interdire les shebeens par exemple, estimés à plus de 10 000, paraît inenvisageable à moins de vouloir se mettre à dos tous les townships de la ville. Comme le précise le rapport : » Dans les townships, les shebeens sont généralement bien acceptés et font partie d’une forme d’expression » culturelle « ». Les heurts entre la population, majoritairement noire, des townships, et les Blancs des quartiers résidentiels sont déjà assez fréquents pour qu’il ne soit pas nécessaire de jeter de l’huile sur le feu en faisant fermer brutalement ces » clandés » bien ancrés dans les moeurs de la cité.
Opération Quartier rouge
Le rapport suggère donc de mettre en place une sorte de » Quartier rouge « , comme à Amsterdam. L’idée : recentrer les lieux de » divertissement pour adultes » dans quelques » zones spéciales » et tenter d’en contrôler l’activité. Encore faudrait-il que la législation suive, et sanctionne officiellement l’existence de ces lieux interlopes. Le procès en cours d’Andrew Phillips, propriétaire d’une célèbre maison close à Rivonia, dans la province de Gauteng, devrait faire jurisprudence. Andrew Philips a demandé à la Cour constitutionnelle de distinguer les » rapports charnels illicites « , comprenant par exemple le racolage à la sauvette, du commerce sexuel organisé et contrôlé.
Mais si l’Etat autorisait la prostitution sous certaines formes définies par la loi, la ville aurait à inscrire dans ses attributions la surveillance et la gestion des maisons de tolérance. Et, comme le souligne le rapport, les services d’administration ne sont pas pressés de prendre en charge ce » sujet délicat « . Pas plus que d’attribuer des emplacements pour la construction d’hôtels de passe. Le document a au moins le mérite de soulever la question. Selon Japie Hugo, directeur de l’urbanisme, la mairie devrait ouvrir un débat public sur la construction ou non d’un Quartier rouge dans les prochains jours.