C’est une Adama Ndiaye, alias Adama Paris (le nom de sa marque), souriante et joyeuse qui a ouvert le bal de cette première édition de la Black Fashion Week Montréal avec son défilé mêlant raffinerie et élégance aussi bien dans le choix des tissus que dans la confection des tenues.
(De notre correspondant au Canada)
Pas étonnant que le public montréalais soit venu en masse à cet événement tant attendu. Il faut dire que le sens du contact d’Adama Paris, paye. La styliste-designer sénégalaise, productrice et fondatrice de l’événement, a fait le tour des médias québécois pour présenter sa Black Fashion Week qui a pour objectif de faire connaître, au-delà des frontières afro-caribéennes, des stylistes qui n’ont pas accès au marché international. Que ce soit Radio Canada, le Journal de Montréal, Huffington Post et Elle Québec, tous n’ont pas hésité à lui accorder une tribune pour expliquer le concept de cette « Semaine de la Mode Noire ».
Comme l’a expliqué Adama Ndiaye à Afrik.com, « La réaction des gens d’ici est totalement différente de celle des Parisiens qui se sont montrés moins ouverts. Depuis que je fais la promotion de mon événement à Montréal, les médias ne posent pas les mêmes questions qu’en France parce qu’ici, ils n’ont pas le même rapport à l’Autre (l’étranger). Ici personne ne m’a fait de reproche. Au contraire les gens se sont montrés curieux de connaître, savoir de quoi il s’agit ». Preuve selon elle, de la dimension multiculturelle de la ville. « Les Montréalais comprennent beaucoup plus notre concept qu’ailleurs ».
Rappelons en effet, qu’au moment de son arrivée à Paris en octobre dernier, la Black Fashion Week a dû faire face à une controverse. Les critiques portaient sur le prétendu communautarisme ou sectarisme de l’événement, certains allant même jusqu’à parler de « racisme anti-Blancs ». Ce à quoi Adama Ndiaye répond : « La Black Fashion Week n’est pas faite par des Noires pour des Noires en dépit de son nom. C’est bizarrement une mode multiculturelle, très variée et très instinctive, qui n’est pas codifiée contrairement à la mode internationale traditionnelle très cloisonnée ».
Pour elle, cette grand-messe de la « mode noire » qu’elle a initiée il y a une dizaine d’années à Dakar au Sénégal, traduit sa volonté de dénoncer le népotisme qui sévit dans le milieu de la mode en France et dans le monde en général. « C’est un monde vraiment fermé 100% white fait pour l’élite ». Un monde où ni les Noirs, ni les Hispaniques, ni les Arabes ou encore les Asiatiques ne sont autorisés à pénétrer.
« Je pense qu’on leur a fait peur parce qu’on marche sur leur plate-bande. On a été la seule Fashion Week à Paris après celle officielle car les grands groupes l’interdisent », a souligné la fondatrice d’Adama Paris. À côté de ces critiques venues du milieu de la mode et d’une certaine presse parisienne, d’autres médias comme France 24, Afrik TV ou ELLE France, se sont levés pour dénoncer leur hypocrisie. Mais comme aime à le répéter Adama Ndiaye, « Le plus important c’est que le succès était au rendez-vous ».
Le succès était également au rendez-vous lors de cette première édition montréalaise où une douzaine de créateurs représentant la diversité culturelle si chère à Adama Paris, ont été invités à présenter leurs collections devant un parterre de fashionistas de Montréal. Qui l’aurait cru !