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Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a reçu lundi le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani, tandis qu’une séance de travail distincte était présidée par le chef de la diplomatie algérienne Ahmed Attaf. Cette double rencontre marque une nouvelle étape dans le renforcement des relations bilatérales. Face à une France en retrait, l’Italie s’impose comme le partenaire européen privilégié d’Alger, avec des échanges commerciaux atteignant 21 milliards de dollars en 2023.
Un dialogue politique au plus haut niveau
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a accueilli lundi Antonio Tajani, vice-président du Conseil des ministres et ministre des Affaires étrangères italien, accompagné d’une importante délégation officielle. Cette rencontre au sommet, qui s’est déroulée en présence de Boualem Boualem, directeur de cabinet à la présidence algérienne, et d’Ahmed Attaf, ministre algérien des Affaires étrangères, illustre la volonté commune de renforcer un partenariat déjà solide.
Parallèlement à cette audience présidentielle, Ahmed Attaf et Antonio Tajani ont présidé conjointement une séance de travail élargie réunissant les délégations des deux pays.
Ce second rendez-vous diplomatique a permis d’approfondir les discussions sur la coopération bilatérale et la coordination sur les grands dossiers régionaux et internationaux qui préoccupent les deux nations méditerranéennes.
L’énergie comme pilier central d’une relation privilégiée
L’Italie s’est imposée comme le premier client des exportations gazières algériennes, dépassant l’Espagne, avec un volume d’échanges commerciaux qui a atteint 21 milliards de dollars en 2023. Ce partenariat énergétique se concrétise notamment par les accords stratégiques signés entre Sonatrach et le géant italien ENI dont l’histoire est liée aux indépendances africaines.
Le projet SoutH2 Corridor, qui vise à transporter de l’hydrogène vert d’Afrique du Nord vers l’Europe, témoigne de la volonté italienne de sécuriser durablement son approvisionnement énergétique tout en renforçant l’interdépendance économique avec l’Algérie. Au delà, Rome ambitionne d’élargir sa présence économique en Algérie dans des domaines aussi variés que l’industrie, les infrastructures et l’agriculture.
Un tournant géopolitique méditerranéen
Cette visite s’inscrit dans un contexte géopolitique en mutation où l’Italie parvient à s’imposer face à une France en perte d’influence dans la région. La politique parfois maladroite de Paris sur les questions mémorielles et les saillies du nouveau ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, ont contribué à détériorer ses relations avec Alger.
À l’inverse, Rome mise sur une stratégie pragmatique articulée autour du renforcement des liens énergétiques et d’une coopération sécuritaire accrue, notamment sur la gestion des flux migratoires. Cette approche porte ses fruits, comme en témoigne la densification des échanges commerciaux et diplomatiques.
Une coopération sécuritaire face aux défis régionaux
Les discussions entre les deux délégations ont accordé une place importante aux enjeux sécuritaires dans l’espace méditerranéen, au Sahel et au Moyen-Orient. Face aux défis posés par le terrorisme, l’instabilité en Libye et la crise migratoire, Alger et Rome partagent des préoccupations communes et cherchent à coordonner leurs réponses.
L’Algérie, acteur clé dans la stabilisation de la région, poursuit son rôle de médiateur dans les conflits sahéliens. De son côté, l’Italie, en tant que membre influent de l’Union européenne, s’efforce de mobiliser ses partenaires européens pour une approche concertée des crises régionales.
Les deux pays ont également abordé les échéances bilatérales à venir en matière de mobilité, de coopération universitaire et culturelle. L’Algérie et l’Italie, liées par une histoire d’échanges méditerranéens multiséculaires, bénéficient d’une proximité qui favorise des liens humains étroits.