Les créateurs de parfums occidentaux reviennent à la source : l’Afrique. Cette dernière les attire et les inspire. Ils en reviennent les narines pleines d’odeurs exotiques qu’ils mettent en flacon. Embarquement immédiat pour le voyage olfactif de Nicolas Olczyk.
Besoin d’ailleurs, retour aux sources ou joli mouvement marketing…aujourd’hui, l’ Afrique a la cote dans les parfums et cosmétiques : flacons, noms, essences, messages publicitaires… Et c’est en quelque sorte justice. Jusqu’à présent relativement oubliée du monde de la beauté, elle rappelle qu’elle en est le berceau. On estime en effet que c’est en Egypte que les premières formes de parfum et d’onguents sont apparues, il y a à peu près 6 000 ans.
Pour évacuer le stress et délivrer du réconfort, les gammes beauté ont su (ré)exploiter les secrets de la culture africaine : les beurres de karité et de cacao sont en effet de plus en plus présents dans les produits aromathérapeutiques, capillaires ou corporels. Le succès de la délicieuse gamme Africa Spa de The Body Shop est là pour confirmer la tendance. Fidèle à son image écolo et humaniste, la marque anglaise va jusqu’à promouvoir le commerce équitable en utilisant des ingrédients AOC (Appellation d’Origine Contrôlée) : miel de Zambie, karité du Ghana… Cette réussite en a inspiré d’autres, comme Nature et Découvertes qui lancé des produits de beauté à base de rassoul ou de karité.
Afrique bien-être, Afrique mystique
Après avoir inspiré la haute couture et la mode, l’Afrique a su se mettre aussi au parfum. Ainsi, dans les lancements de nouveaux produits, de nombreuses idées viennent de là-bas. Dans le bouchon du flacon de » J’Adore « , best-seller de Dior, par exemple, on retrouve l’influence des colliers de la culture Masaï. Dans la publicité du » Kenzo Jungle » pour homme, la savane africaine entretient le concept voyageur du parfum. Chez Van Cleef and Arpeels, le dernier parfum masculin a été baptisé » Zanzibar « , du nom de cette île au large de la Tanzanie, véritable jardin luxuriant de fruits et d’épices (Zanzibar est aussi le nom d’un ancien d’état d’Afrique, réputé pour sa culture du clou de girofle).
Chez Serge Lutens (parfumeur de Shiseido), c’est le Maroc qui est depuis toujours une source de créativité. L’un de ses parfums porte d’ailleurs le nom de » Chergui « , vent chaud d’Afrique du Nord, qui devient chez le parfumeur une harmonie d’ambre, de miel et de cuir… Un autre se nomme » La Myrrhe « , en hommage à cette résine parfumée, aux tonalités suaves et de sous-bois, provenant de la région de la corne de l’Afrique.
Essences et voyages des sens
Pour la marque branchée Comme des Garçons Parfums, c’est l’originalité de la fragrance qui prime sur le marketing : essences nobles ou odeurs d’ailleurs, sources d’inspirations multiculturelles… Dans cet esprit, l’eau de toilette » Ouarzazate » reflète les tonalités chaudes d’un encens des montagnes de l’Atlas ; quant à » Harissa « , c’est un voyage vif et étonnant dans la cuisine du Maghreb. Les jolis exemples comme ceux-ci sont nombreux. Selon des experts marketing, face à un essoufflement de la parfumerie traditionnelle, la recherche de créativité et de nouveaux concepts dans les cultures lointaines devrait s’accroître dans les prochaines années. Ainsi l’Afrique n’a pas fini d’inspirer.
Les produits parfumés venant d’Afrique sont depuis des siècles indispensables au travail de création du parfumeur : vanille et ylang (Comores), civette (variété de musc d’Ethiopie), vétiver (Madagascar), myrrhe et encens (Somalie), cèdre Atlas et fleur d’oranger (Maroc)… Sans eux, la plupart des grands parfums, comme Shalimar (Guerlain) ou Opium (Yves Saint-Laurent) ne seraient certainement jamais nés. Et grâce à un excellent rapport qualité-prix, les huiles essentielles provenant d’Afrique permettent aujourd’hui de conserver une certaine » naturalité » aux créations parfumées. Ainsi, la tagète d’Afrique du Sud, au parfum velouté, fruité et aromatique, apporte aux eaux de toilette féminines une chaleureuse sensualité tonique. De la même manière, la limette (2) de Côte d’Ivoire (agrume très vivifiant, qui rentre notamment dans la composition du célèbre Coca-Cola, et qu’on utilise également en parfumerie) ou le thé du Burundi offrent un supplément d’âme aux parfums urbains-modernes à succès international.
Carnets de voyages olfactifs
Tout comme les grands cuisiniers, les parfumeurs sont toujours à l’affût de nouvelles sources de créativité. Quand les premiers arpentent les épiceries et les échoppes des quartiers populaires de la capitale française, les maisons de création de parfums, elles, organisent des expéditions dans des régions quasi secrètes du globe. Leur objectif : découvrir et capturer de nouvelles essences de bois et de fleurs rares qui feront les succès parfumés de demain.
Grâce à la technologie de sondes headspace (1), elles nous offrent dans un flacon des odeurs de carnets de voyages lointains et mystérieux. Et ainsi, sans nous déplacer, nous nous dopons le moral aux senteurs de souks, de forêts tropicales ou de médinas. Il ne faudrait donc pas être surpris si un jour prochain, dans les parfumeries, on nous parlait des écorces de Makore de Côte d’Ivoire, de la sensualité de la passiflore Barteria d’Afrique centrale, ou encore du tulipier du Gabon …Quand l’alliance du marketing et du rêve fait vendre, c’est aussi une jolie victoire pour les cultures d’ailleurs.
(1) Le headspace, appelé aussi procédé des fleurs vivantes, permet d’extraire le parfum de végétaux, de lieux (sous-bois, plage…) ou d’ambiances immatérielles sans les détruire ou en utiliser directement la source. Par un travail en commun, le chimiste et le parfumeur peuvent ainsi recréer en laboratoire l’odeur captée in vivo dans la nature et, de fait, obtenir de nouvelles sources d’inspiration, qui n’existeraient pas sans ce système dans la palette du créateur.
Pour contacter Nicolas OLCZYK, créateur de ROUGE CURACAO, communication olfactive :
Tél : (00 33) 1.42.26.23.35
rougecuracao@yahoo.fr
Quelques points de vente à Paris :
Salons Shiseido du Palais Royal (seul point de vente, très bel endroit) : Jardins du Palais Royal, 142, galerie de Valois, 75001 paris, (00 33) 1 49 27 09 09
The Body Shop : nombreux magasins, liste des points de vente au 00 33 1 53 05 51 51
Comme des Garçons Parfums : vendu à la boutique au 23, place du Marché St-Honoré, 75001 Paris, (00 33) 1 47 03 15 03 ; et à la Parfumerie Générale au 6, rue Robert-Estienne, 75008 Paris, (00 33) 1 43 59 10 62.
Voir les photos du tulipier du Gabon :
Photo 1 ;
Photo 2.
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