Momo est le héros atypique de Travail d’arabe, le dernier film du réalisateur français Christian Philibert. Ce dernier offre au spectateur une comédie citoyenne au titre provocateur, à la limite du documentaire et aux accents du Sud. Le film sort mercredi en France.
Mohamed se revendique « arabe, provençal et français ». La trentaine bien tassée, c’est un fumeur de joints bonne pâte pas aussi benêt qu’il en a l’air. Après avoir plongé pour possession de cannabis au terme d’un procès humainement incorrect fleurant bon la discrimination, il est relâché pour bonne conduite. Il décide de se racheter et se met au vert chez sa sœur, à Bellevigne, en quête de travail. Si dans ce petit village provençal, les vignes sont belles, les patrons véreux sur lesquels Momo va tomber, le sont nettement moins.
Momo, sorte d’ingénu voltairien à l’accent chantant, va découvrir malgré lui les magouilles d’une entreprise de chaufferie et en faire les frais. L’occasion pour le réalisateur Christian Philibert de dresser une série de caricatures touchantes, trop outrées pour ne pas être vraies. Les frères Gutti sont les petits mafieux énervés, propriétaires de la société, Gilou un flambeur à la petite semaine et quant à Batavia, le coéquipier de Momo, il a un palmier dans la main et aligne les bouteilles de bière.
Place à l’improvisation
La confrontation avec Mohammed, profondément honnête, donne lieu à des scènes drôles et décalées. Souvent filmées caméra à l’épaule, elles sont toujours à la limite du documentaire. Contrairement aux Quatre saisons d’Espigoule, le premier film du réalisateur (1999), Travail d’arabe respecte un scénario (co-écrit avec Yamina Guebli) mais l’improvisation transpire en permanence. La présence de comédiens amateurs aux côtés des professionnels y est forcément pour quelque chose. On retrouve donc Jacques Bastide (qui jouait déjà le poète dans Les quatre saisons d’Espigoule) et surtout, on découvre Mohamed Metina, Momo à l’écran et gardien d’une mairie du Var à la ville…
Traitement brut des images, liberté de ton, caméra nerveuse ou poétique… Travail d’arabe est une comédie citoyenne attachante. Quant au titre provocateur, Christian Philibert explique : « Il n’y avait rien de prémédité : c’est l’un des experts venu vérifier mon chauffage qui a lâché l’expression. Ça a été le déclic… et en a fait le point de départ immédiat du film. Et puis je ne pense pas qu’on puisse le prendre au premier degré. La provocation est parfois plus intéressante que le politiquement correct… »
Travail d’arabe de Christian Philibert, sortie française le 9 juillet 2003