Dans un rapport rendu public, l’ONG Amnesty international dénonce 52 personnes mortes en détention préventive à Madagascar, pour la seule année 2017; conséquence d’un recours abusif à une mesure d’exception dans des conditions déplorables.
Madagascar au banc des accusés. Dans un rapport publié ce mardi 23 octobre 2017, Amnesty International, qui se fonde sur des visites effectuées dans les établissements pénitentiaires de ce pays d’Afrique Australe, à travers 11 000 personnes étudiées, accable Madagascar. Le bureau régional de l’ONG a donné une conférence de presse à Antananarivo. L’abus du recours à la détention préventive touche en priorité les hommes, les femmes et les enfants pauvres, qui ne peuvent pas se payer d’avocat.
« Ils ont 14-15 ans… ils dorment presque les uns sur les autres, complètement collés. Ils doivent attendre leur tour parfois pour s’allonger et toutes les heures, le chef de chambre tape dans ses mains pour qu’ils se retournent, parce que ça fait trop mal de dormir sur le même côté toute la nuit », déplore Tamara Léger, membre du bureau de l’ONG par ailleurs conseillère spéciale sur Madagascar. Pour avoir sillonné neuf prisons malgaches pendant un mois, ce membre d’Amnesty a fait l’amer constat que 80% des mineurs qui composent la population carcérale était en attente de jugement.
« Les crimes dont sont accusées les personnes en détention provisoire sont souvent de petits délits. Cela doit cesser à la fois dans la pratique et être interdit par la loi », déplore Deprose Muchena, directeur du bureau d’Amnesty pour l’Afrique Australe, qui est est convaincu que la détention provisoire ne résout en rien le problème de la criminalité. « Il faut arrêter de voir la détention provisoire comme un instrument de justice pénale, parce que ça ne fonctionne pas et ce n’est pas le cas », lance-t-il.