Des députés qui transforment le siège du Parlement en un ring de boxe où des coups de poing s’échangent comme dans une jungle, les parlementaires sénégalais viennent une fois de plus de s’illustrer négativement, se trompant totalement de combat.
Le lundi 12 septembre 2022, jour de la rentrée parlementaire de la 14e législature sénégalaise, fera ou fait certainement déjà date dans l’histoire politique du pays de Léopold Sédar Senghor et d’un certain Mamadou Dia. La séance d’installation des nouveaux élus et d’élection des membres du bureau chargé de conduire les destinées de la nouvelle législature a transformé l’hémicycle en une véritable pétaudière où rixe, injures et bousculades ont eu droit de cité. Six jours après ce spectacle désolant qui, malheureusement n’est pas une première – les images de la bagarre de 2018 existent encore – dans ce Sénégal pourtant reconnu comme un modèle de démocratie dans la sous-région ouest-africaine, je ne saurais m’empêcher de voir défiler la triste scène devant ses yeux et d’en ressentir une profonde désolation. Je ne saurais m’empêcher de condamner véhémentement le fait. Et pour cause !
Ce nouveau Parlement où pour la première fois depuis fort longtemps, la mouvance présidentielle se retrouve au coude-à-coude avec l’opposition, avait promis monts et merveilles aux Sénégalais. Le changement était le maître-mot des nouveaux députés, surtout ceux de l’opposition qui rêvent d’inverser l’ordre établi au Sénégal par le pouvoir de Macky Sall, d’instaurer une véritable rupture dans la gouvernance au Sénégal. Pour un Parlement qui a une telle ambition, on peut déjà supposer qu’il a pris un mauvais départ, et s’inquiéter à juste titre de sa capacité à faire ce qu’il a promis. Et cela, bien des Sénégalais le pensent déjà. Comment, en effet, offrir un spectacle aussi pathétique pendant que le quotidien du Sénégalais lambda est durement secoué par de nombreux problèmes de survie, dont la cherté de la vie devenue un véritable phénomène depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine ?
Que peut-on attendre de sérieux d’un Parlement qui, dès son installation, démontre avec fracas que la défense des intérêts du peuple et le contrôle de l’action gouvernementale ne sont que les dernières de ses préoccupations ? Les priorités des nouveaux députés sénégalais semblent bien loin de celles du peuple qui les a élus et qu’ils sont censés représenter.
Au-delà de tout, l’acte des députés pose un sérieux problème d’éducation pour la jeunesse sénégalaise en particulier et celle africaine en général. Quelle image veulent-ils projeter, ces députés, aux yeux de la jeunesse qui les observe ? Dans tous les cas, les Sénégalais ont besoin de tout sauf d’un tel spectacle, précisément maintenant. Vivre mieux, manger aisément à leur faim et bénéficier de soins de santé de qualité dans des hôpitaux assainis, voilà ce à quoi les citoyens sénégalais aspirent. Et tous les efforts des responsables politiques, y compris les élus nationaux, devraient concourir à cela.
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