Un mois après les attentats qui ont frappé Casablanca, la fièvre sécuritaire gagne le Maroc. Les sociétés de gardiennage voient leurs contrats se multiplier et leurs clients se diversifier.
Les attentats du 16 mai à Casablanca sont encore présents dans tous les esprits. Pour éviter le pire, le Maroc a décidé de se protéger. Les sociétés de gardiennage et de surveillance sont les premières à bénéficier de cette vague sécuritaire qui gagne le pays. De plus en plus sollicitées, elles proposent leurs services aux structures privées, agissant en parallèle des autorités gouvernementales, la Sûreté Nationale ou la Gendarmerie Royale, qui s’occupent de la sécurité sur les sites publics.
Diversification des clients
Jusqu’ici, les entreprises qui faisaient appel à ces sociétés de surveillance étaient traditionnellement les multinationales, les grandes firmes ou les banques. Désormais, la demande se diversifie et des structures moins importantes, dans le secteur touristique, s’offrent des services de gardiennage. Depuis quelques semaines, à l’entrée des restaurants, des hôtels, des grands magasins, les vigiles font barrage et contrôlent le passage. La visibilité et la fréquence de ces contrôles constituent essentiellement une forme de dissuasion. La sécurité se montre, s’affiche et, sous les traits de ces colosses en uniforme, impressionne.
Si le nombre d’entreprises ayant recours à ces services ne cesse d’augmenter, le nombre moyen de vigiles présents sur les sites ne peut suivre la même tendance. En effet, la réglementation évalue la proportion d’hommes nécessaires à la sécurité d’un site à l’aune de plusieurs paramètres : la superficie, la fréquentation, le passage. La loi limite donc la présence des agents et permet d’éviter l’excès du tout sécuritaire qui aboutirait à l’équation » un vigile pour chaque individu « .
Les clefs de l’efficacité
» On a tout de même constaté, pour les entreprises déjà clientes, un renforcement de la sécurité de 10% dans les trois jours qui ont suivi les attentats, tout en restant dans les limites autorisées « , révèle Mehdi Eddari, directeur-général de la société de gardiennage RMO. » Une présence trop importante aurait de toute façon un effet néfaste pour nos clients, qui se désigneraient ainsi comme propriétaires de lieux à risques et feraient fuir la population marocaine. Nous conseillons aux entreprises qui font appel à nous de ne pas céder à la psychose, ce serait jouer le jeu des terroristes « , ajoute-t-il encore.
La seule présence humaine n’est pas suffisante pour assurer la sécurité. Le recours à la télésurveillance, aux détecteurs de métaux, aux contrôleurs d’ondes vient compléter les mesures. » L’homme a besoin d’un support car il ne peut être réactif sur tous les points à la fois, assure Medhi Eddari et, à l’inverse, la machine doit pouvoir être complétée par une force d’intervention humaine : si une alarme d’incendie se déclenche, un homme doit pouvoir intervenir rapidement. » Chez RMO, la formation des agents est en accord avec cette philosophie et la sécurité passe surtout par la capacité à savoir gérer les situations de tension. » Nos agents sont formés en trois semaines et apprennent, en plus de la lutte contre la malveillance et contre l’incendie, à améliorer leur capacité à communiquer en langue française. Cela permet de prendre du recul par rapport à la situation et a fait diminué de 65% le nombre de situations qui dégénèrent. »
Si le Maroc s’ouvre au monde, il doit aussi apprendre à se protéger de la menace terroriste internationale. Tant que le fléau ne sera pas éradiqué, les sociétés de surveillance auront encore de beaux jours devant elles.