Alors que le partage des fouilles archéologiques est une pratique qui se fait de plus en plus rare (l’Egypte a notamment cessé de permettre cette tradition), le Soudan continue de proposer dans certains cas la moitié des découvertes à la mission étrangère à l’origine de la découverte. Le pays a également opté pour une grande coopération avec les scientifiques internationaux, afin de promouvoir son histoire.
L’ histoire antique du Soudan est riche, mais demeure méconnue du grand public… Des forteresses de Nubie du royaume de Koush, en passant par l’Empire de Méroë, le Soudan a connu de nombreuses civilisations florissantes, éclipsées par leur imposante voisine, l’Egypte pharaonique. Une situation à laquelle le pays essaye de remédier aujourd’hui.
Les fouilles françaises ont abouti à l’exposition Méroë, un empire sur le Nil qui se tient en ce moment au Louvre. Le Soudan a proposé au prestigieux musée d’emporter avec lui une partie des découvertes archéologiques faites et à venir sur le site (le Louvre n’a pas encore pris de décision officielle). En effet, le Soudan pratique encore le partage de fouilles, une activité courante tout au long du 20ème siècle, mais qui tend à disparaître. De nombreux pays, notamment l’Egypte, l’ont cessée. Le Soudan, lui, a choisi pour l’instant de la poursuivre.
Exporter la culture
Le pays voit cela comme un moyen de promouvoir les richesses de son passé. Les sites soudanais sont moins prisés que d’autres tels que ceux de son imposante voisine égyptienne. En permettant aux musées étrangers d’emporter avec eux quelques trésors de son histoire, il souhaite exporter sa culture à travers le monde. Cependant, cette pratique s’effectue de moins en moins, car les pays invités au partage y répugnent souvent. « Ce n’est pas la politique de la France », , par exemple, un pays fortement implanté dans le pays au niveau archéologique, explique Gilbert Nassins, photographe archéologue au Centre National de Recherches Scientifiques français (CNRS).
Il y a un véritable intérêt du gouvernement soudanais pour les questions archéologiques depuis la campagne de Nubie, selon le scientifique. De nouveaux musées voient le jour. Mais « le Soudan se démène avec d’autres problèmes », ajoute Gilbert Nassins. Les conditions économiques du pays, le manque d’infrastructures, ne lui permettent pas encore de faire cavalier seul dans l’aventure archéologique. En collaborant pleinement avec la communauté internationale, il peut progresser plus rapidement dans ce domaine.
Autre raison de cette collaboration: lors de découvertes, « il se pose toujours la question de la conservation des pièces », ajoute l’archéologue du CNRS. Car le nombre d’ouvertures de sites croissant dans le pays entraîne un afflux d’antiquités. Et les conditions de conservation ne sont pas les mêmes que celles que l’on peut trouver dans des musées occidentaux.
Une coopération internationale
Au Soudan, les missions étrangères sont très importantes. Gilbert Nassins, ayant travaillé pendant plusieurs années sur des fouilles au Soudan explique que les missions étrangères sont nombreuses. « Les Etats-Unis sont historiquement très présents, ainsi que l’Allemagne, la France, les Norvégiens depuis peu, les Grecs, les Polonais, notamment pour les périodes chrétiennes, ainsi que, bien entendu, les Britanniques avec le British Museum ».
Michel Baud, commissaire de l’exposition Meroë, un empire sur le Nil, qui se tient actuellement au Louvre, précise que la France n’est pas en reste. « Les soudanais ont des liens forts avec les archéologues français. Notamment grâce à Jean Vercoutter ». En 1967, c’est grâce à ce célèbre archéologue que la Section Française de la Direction des Antiquités du Soudan a été crée (officiellement en 1969). Et l’institut est directement relié à l’administration soudanaise », précise-t-il. La SFDAS propose des formations du personnel de la direction des Antiquités soudanais.
Au final, dans ces coopérations internationales, tout le monde semble y trouver son compte. Dans un climat de tensions entre pays du Sud et musées occidentaux pour la restitution des objets volés, le Soudan semble pour l’instant silencieux sur le sujet.