Le sénateur populiste italien Roberto Calderoli se fait remarquer par ses déclarations racistes à l’encontre de l’équipe de France de football. Provocateur, le leader de la Ligue du Nord n’en est pas à son premier scandale. Des propos condamnés unanimement par la France et l’Italie.
Par Louise Simondet
Respect et tolérance… Deux mots qui ne semblent pas faire partie du vocabulaire du sénateur italien Roberto Calderoli. L’ombre du racisme plane sur la victoire de la Squadra Azzura. Quelques jours seulement après le succès des Italiens au Mondial 2006, le sénateur s’est démarqué de ses compatriotes en faisant preuve d’un profond racisme envers l’équipe de France. C’est avec mépris que le dirigeant de la Ligue du Nord, mouvance d’extrême droite, a salué la victoire de « l’identité italienne » qui a, selon lui, « battu une équipe qui, pour obtenir des résultats, a sacrifié son identité en alignant des Noirs, des musulmans et des communistes », rapporte l’AFP.
Des déclarations intolérables dans la bouche d’un homme qui occupe le poste de vice-président du Sénat. Le foot, et plus généralement le sport, ne doivent plus être le théâtre de tels dérapages verbaux. Le sport doit avant tout véhiculer des principes de respect de l’autre et de sa différence. La FIFA avait placé ce championnat sous le signe de la lutte contre le racisme, pour le mettre en touche le temps de ce Mondial. Il a fallu les déclarations honteuses de Roberto Calderoli pour prendre conscience que la victoire sur le racisme ne se fera pas du jour au lendemain.
Un passé de provocateur
Le vice-président du Sénat n’en est pas à son premier coup d’éclat sur ce terrain. En février 2006, en pleine crise provoquée par les caricatures de Mahomet, Roberto Calderoli, alors ministre des Réformes institutionnelles au sein du gouvernement de Berlusconi, avait multiplié les déclarations racistes et les critiques contre l’islam. Vêtu d’un T-Shirt représentant le prophète, il s’était présenté sur la première chaîne de télévision publique RAI, choquant dans la foulée le monde musulman. Une goutte de trop dans un verre déjà bien rempli. L’éjection du gouvernement a été sans appel. Le ministre a dû démissionner de ses fonctions.
« C’est un provocateur », souligne l’ambassade de France en Italie contactée par Afrik.com. Provocant, il l’est. Après ses déclarations, au lieu de faire profil bas, le sénateur réitère et signe : « Quand je dis que l’équipe de France est composée de Noirs, d’islamistes et de communistes, je dis une chose objective et évidente. Ce n’est pas ma faute si Barthez chante l’Internationale au lieu de la Marseillaise et si certains préfèrent la Mecque à Bethléem », rapporte l’AFP. Emprunt d’un humour douteux et sarcastique, il ajoute : « Qui se scandalise et réclame des excuses, ne se sent pas la conscience tranquille ». Interrogé sur TF1, Zinedine Zidane s’est dit choqué par ces propos.
Le président de SOS Racisme, Dominique Sopo confie : « Ces paroles ne sont pas étonnantes dans la bouche de ce leader de la Ligue du Nord. Il est raciste. Nous condamnons ces propos. D’une certaine manière, il nous rend hommage. Car, oui, la France est bien le pays de la diversité et nous en sommes fiers de cette France Black, Blanc, Beur. Et l’équipe de France est le reflet d’une société multiethnique ».
Des réactions unanimes
Les réactions ne se sont pas faites attendre côté italien. Le gouvernement de centre gauche a vivement condamné ces déclarations. L’ambassadeur de France en Italie a donné de la voix. Dans un communiqué de presse publié dans les journaux italiens La Stampa et Corriere della Serra, l’ambassadeur regrette les déclarations faites par Roberto Calderoli sur l’équipe de France. « Un discours aussi inacceptable et méprisable ne peut éveiller que la haine. La France célèbre une équipe dont la diversité est le témoignage de la vitalité de notre devise ‘Liberté, égalité, fraternité. » Et s’adressant à Roberto Calderoli : « Vous ne reflétez pas du tout l’opinion des Italiens. Je voudrais rappeler qu’entre les joueurs français stigmatisés(…), certains jouent dans les équipes italiennes où ils sont très appréciés. Je voudrais aussi souligner et féliciter les commentaires de la presse italienne qui ont témoigné du respect vis-à-vis de tous leurs adversaires, dans leur diversité ».
La dirigeante communiste Marie-George Buffet, interrogée par l’AFP, a souligné : « Notre équipe de France, de part sa composition, est une belle image du vivre ensemble et de ce qu’est aujourd’hui notre nation et peut être un élément de lutte contre toutes les formes de rejet. Il faut mener la guerre à tout ce qui est haine et racisme dans le sport ». De source diplomatique française, le refrain est le même : « Ces paroles sont inacceptables et hautement condamnables ». « Ça me désole », soupire Dominique Sopo, président de SOS Racisme. Face aux déclarations de M. Calderoli, l’ambassade de France prend ses dispositions et envisage d’intenter un procès à l’intéressé. Pendant ce temps, SOS Racisme se consulte. Dominique Sopo prévoit lui-aussi de poursuivre l’ancien ministre devant les tribunaux : « Les déclarations ont été prononcés en Italie. Mais normalement, comme elles ont été relayées par la presse, cela ne pose pas de problèmes pour attaquer. Nous allons voir si c’est juridiquement faisable ». L’ambassadeur de France en Italie a par ailleurs envoyé une lettre au Président du Sénat. Espérons, que ces provocations racistes ne resteront pas impunies…