Le centre de traitement de déchets plastiques Proplast, à Thiès (Sénégal), a résolu, en partie, les problèmes de la ville en matière d’insalubrité. L’entreprise est gérée par des femmes qui permettent à d’autres de s’assumer en collectant les résidus plastiques jetés au hasard des rues. Proplast a participé à la première édition du concours Harubuntu, vitrine des potentiels africains, dont la remise des prix aura lieu ce lundi soir à Bruxelles.
L’idée de départ est simple : en finir avec l’insalubrité dans la ville de Thiès. En 1997, elle est avancée par l’ONG italienne Lvia (Association internationale des volontaires laïcs). Dix ans plus tard, le centre de traitement des déchets plasitques Proplast est une entreprise qui a une véritable fonction sociale. Depuis sa mise en service en 1998 dans le quartier de Silmang, plus de 300 tonnes de déchets plastiques ont été recyclés et à compter de cette année, Proplast prévoit d’en recycler 150 tonnes par an. Chaque mois, l’entreprise produit 15 tonnes de plastique recyclé qui est revendu aux industriels de la région.
Le centre de traitement de Thiès est géré par le groupement des femmes de Laak Jom, 16 femmes salariées, âgées de 22 à 70 ans. « Elles sont toutes aussi dynamiques les unes que les autres, elles sont plus efficaces que des hommes », affirme, avec fierté, Germaine Faye, la responsable de l’unité de production. Ce sentiment est à l’origine de la participation de son entreprise à la première édition du concours Harubuntu des porteurs d’espoir et créateurs de richesse africains dont la remise des prix aura lieu ce lundi soir à Bruxelles, en Belgique.
A Thiès, certaines recyclent, d’autres ramassent. L’autre poumon du système est constitué par ceux qui sillonnent la ville à la recherche du plastique usagé.
Tout le monde ramasse. Mais surtout les femmes, aidées parfois de leurs enfants. En quelques années, le ramassage est devenu une alternative aux emplois de personnel de maison à Dakar, la capitale, rémunérés aux lance-pierres. Les ramasseurs peuvent gagner « 4 000, 6 000, ou 14 000 FCFA par jour, ça dépend. Le kilo de déchets plastiques est acheté à 40 F CFA », explique Germaine Faye. Ce revenu permet notamment aux femmes de subvenir à leurs besoins et à ceux de la famille, « de payer les frais de scolarité ». Plus de 200 familles profitent indirectement de ce ramassage.
Une entreprise portée par des femmes
Les déchets collectés sont, soit acheminés à Proplast par les ramasseurs, soit l’entreprise loue un camion pour aller les récupérer dans des « boutiques ». Cinq quartiers de la ville de Thiès participent à la récupération de ces résidus plastiques et l’initiative commence à s’étendre dans les environs. Comme à Kaolack, localité située à 200 km de Thiès. Germaine Faye participe régulièrement à des rencontres d’information pour expliquer l’activité de Proplast et recruter des chasseurs de plastique. L’expérience de la première unité de production de plastique recyclé en Afrique de l’Ouest dépasse les frontières. Elle a fait des émules dans la capitale mauritanienne, Nouakchott : deux projets de ramassage et broyage de plastiques y ont été lancés.
L’activité de l’entreprise, qui s’inscrit dans le développement durable, prend de plus en plus d’ampleur. Une nouvelle machine devrait permettre à Proplast de faire encore plus. « La puissance de la machine que nous avons actuellement est devenue trop faible pour tous les déchets que nous avons à traiter. Nous avions trouvé une nouvelle machine mais à un prix trop élevé : 50 millions de F CFA. Notre budget n’est que de 15 millions de F CFA.» La petite entreprise des femmes de Thiès ne connaît pas la crise : ici on ne spécule pas, on se rend utile.