Au cours de sa prise de parole à l’ouverture de son procès, le lundi dernier, Vital Kamerhe a souligné qu’il n’était pas le seul superviseur du programme des 100 jours, mais faisait partie d’une équipe de neuf personnalités par ailleurs coiffée par l’ambassadeur itinérant du Président Félix Tshisekedi. Cependant, aucune des autres personnalités n’est jusqu’ici inquiétée. Y aurait-il une politique de deux poids deux mesures dans cette affaire ?
Vital Kamerhe serait-il le bouc émissaire dans une affaire où la responsabilité semble, en réalité, partagée par une trentaines de personnes ? La question mérite qu’on lui accorde une attention particulière.
Vital Kamerhe, seul visé dans une équipe d’une trentaine de personnes
A la barre, le lundi dernier, celui qui est depuis hier l’ex-directeur de Cabinet du Président Félix Tshisekedi a apporté des précisions qui feraient douter plus d’un sur les intentions réelles qui pourraient se cacher derrière ce procès. En effet, Vital Kamerhe a clairement indiqué n’être pas la seule personne chargée de la supervision des travaux du programme d’urgence des 100 jours de Félix Tshisekedi. Ils étaient neuf personnalités à se voir confier cette tâche, conformément à la décision N°19/095 du 15 juillet 2019, portant mise en place d’un comité technique spécifique au cabinet du chef de l’Etat, dénommé « Comité de suivi du Programme de 100 jours du chef de l’Etat ».
Il s’agit de:
– Vital Kamerhe (directeur de cabinet du chef de l’État) ;
– Désiré-Cashmir Kolongele Eberande (directeur de cabinet adjoint du chef de l’État) ;
– Guylain Nyembo Mbwizya (directeur de cabinet adjoint du chef de l’État chargé des questions économiques et de la reconstruction) ;
– Gety Ntiaka Mpanu-Mpanu (directrice de cabinet adjointe du chef de l’État chargée des questions d’infrastructures, des ressources minières et hydrocarbures, de l’énergie et des technologiques de l’information et de la communication) ;
– Olivier Mondonge Bogado (directeur de cabinet adjoint du chef de l’État chargé des questions sociales et environnementales) ;
– Henry Yav Mulang (ex-ministre des finances) ;
– Thomas Luhaka (ministre de l’Enseignement Supérieur et Universitaire) ;
– Pierre Kangudia (Ancien ministre du budget) ;
– Déogratias Mutombo (Gouverneur de la Banque Centrale du Congo).
En dehors de ces superviseurs, il y avait une équipe de coordination à la tête de laquelle se trouvait l’ambassadeur itinérant du chef de l’Etat congolais, Nicolas Kazadi. Dans cette équipe, il y avait également trois conseillers principaux du président de la République et une cellule de 20 experts.
Une justice à deux vitesses ?
Il apparaît donc curieux qu’aucune de ces personnes ne soit inquiétée et que seul Vital Kamerhe soit pointé du doigt dans les détournements évoqués au sujet de l’exécution des travaux, et incarcéré depuis le 8 avril. Mieux, depuis hier, Désiré-Cashmir Kolongele Eberande qui jusque-là était l’adjoint de Vital Kamerhe à la direction de cabinet du président de la République, est officiellement chargé par Félix Tshisekedi d’assurer son intérim.
La gestion de ce dossier semble apporter du crédit à la thèse soutenue dès le départ par l’UNC, parti de vital Kamerhe, qui n’a jamais cessé de crier à un procès politique pour écarter celui qui, aux termes des accords de Nairobi de novembre 2018, devrait succéder à Félix Tshisekedi comme candidat de la coalition Cap pour le changement (CACH), en 2023. Ainsi, ce qui est présenté comme une opération mains propres, un procès pour porter un coup dur à la corruption, pourrait bien procéder d’une machination ourdie pour écarter un allié devenu gênant.
En tout cas, le jeu semble compris par bien des citoyens congolais et les langues ont commencé à se délier. Hier, Noël Tshiani Mwadiamvita, candidat à l’élection présidentielle de 2018, qui n’a pas hésité à interpeller la justice congolaise. « Pour des raisons de justice et d’équité, les 9 superviseurs du programme des 100 jours du Chef de l’Etat doivent être traités de la même façon et subir le même sort. Ils doivent assumer la responsabilité de leur mégestion des ressources publiques (…). C’est ça l’Etat de droit », a indiqué l’homme politique.
Affaire à suivre.