La police a démantelé un réseau de vente de crèmes éclaircissantes pour la peau, en région parisienne. Dans le cadre d’une information judiciaire, plusieurs dizaines de milliers de pots et tubes ont été saisis, et cinq personnes interpellées entre le 15 avril et le 21 juillet, dont la gérante du réseau. Ces arrestations relancent le débat de la dépigmentation, pratiquée par nombre de femmes noires mais interdite en France en raison de ses dangers pour la santé. Le Conseil de Paris a annoncé une campagne contre ces produits cosmétiques dans la capitale.
Un important réseau de vente de produits blanchissants est tombé. La police a saisi plusieurs dizaines de milliers de pots et flacons de crème éclaircissante. Dans le cadre d’une information judiciaire, cinq personnes ont été interpellées, dont la gérante du réseau de vente. C’est la première fois que la quasi-totalité d’un réseau est démantelé, et pas uniquement les vendeurs. L’affaire a commencé le 15 avril quand une Congolaise qui vendait des produits blanchissants sur la voie publique a été appréhendée. 725 pots de crème sont alors saisis, et une information judiciaire est ouverte. Placée en détention provisoire, la jeune femme révèle qu’elle se fournit auprès d’une société d’import-export à Ivry-sur-Seine. Lors d’une perquisition, les policiers arrêtent un employé de la société et un chauffeur. Un autre homme chargé d’effacer la mention « contient du mercure » se rend à la police. Au total, près de 109 000 pots ont été saisis dans des entrepôts, ce qui représente une valeur marchande de plus d’un million d’euros. Le 21 juillet, c’est au tour de la gérante du réseau, une Congolaise âgée de 38 ans, de répondre de sa responsabilité devant la police. Elle reconnaît les faits qui lui sont reprochés. La police cherche encore les fabricants des produits. Les personnes interpellées ont été mises en examen et seront jugées pour «exercice illégal de la pharmacie», «tromperie aggravée», «détention et transport de substances vénéneuses ».
Une demande toujours forte
D’après le quotidien Libération, les produits étaient importés d’Italie, de Chine, de Côte d’Ivoire et de RDC. Ils étaient destinés à plusieurs régions de France et d’Europe. Les crèmes blanchissantes sont interdites en France car elles contiennent des produits nocifs pour la peau qui peuvent provoquer un cancer ou de graves allergies, comme l’hydroquinone, des dermocorticoïdes et du mercure. Mais cela ne dissuade pas les femmes noires d’utiliser ces produits pour éclaircir leur peau. Malgré plusieurs saisies ces dernières années, la consommation d’éclaircissants continue. Le quartier de Château-Rouge, dans le 18ème arrondissement de Paris, est un haut lieu de la vente de ces crèmes. Ian Brossat, président du groupe communiste au Conseil de Paris, a annoncé jeudi qu’une campagne de prévention dans ce quartier ainsi qu’à Château d’Eau, dans le 10ème arrondissement, sera lancée en novembre à son initiative. Un amendement budgétaire de 30 000€ a été voté en décembre dernier pour cette campagne, quelques semaines après une autre saisie. Plus que des mesures contre les vendeurs de crèmes éclaircissantes, c’est un travail psychologique qu’il faudra effectuer avec ces femmes pour qui avoir une peau blanche est le comble de la beauté.
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