Après plusieurs années d’attente, les Marocains auront enfin accès aux solutions bancaires islamiques. A compter de début juillet, les banques sont autorisées à commercialiser trois produits «alternatifs» conformes à la Chariâa. Le premier, nommé Ijara, est assimilé au leasing et peut s’appliquer aussi bien aux équipements qu’à l’immobilier. Le deuxième, Musharaka, adopte les mêmes règles que le capital investissement. Quant à la Murabaha, elle concerne principalement le financement des commerçants.
Bank Al-Maghrib a choisi de lancer progressivement les solutions Halal. Il envisage d’en autoriser d’autres si les trois premiers s’intègrent sereinement dans le paysage bancaire marocain. Mais on ne sait pas encore quand. A noter que les solutions islamiques que proposeront les banques feront l’objet d’un audit administré par un organisme spécialisé à Bahreïn.
Cela fait plusieurs mois que les banques marocaines aiguisent leurs armes commerciales pour attaquer ces segments. Mais leurs préparatifs sont entourés du plus grand secret. Elles sont conscientes du potentiel énorme de ces trois produits. En effet, des centaines de milliers de Marocains, parfois très riches, boudent les services financiers, seulement parce que c’est haram. Depuis l’annonce de l’introduction des produits islamiques ils s’impatientent pour y accéder.
En dehors de ces considérations de piété, se cache une mine d’or pour les banques. Il est prévu que ces trois produits révolutionnent leur offre dans plusieurs segments stratégiques.
Rémunération et communication
L’immobilier sera certainement le fer de lance de l’offre des produits islamiques. Les banques auront la possibilité d’offrir des crédits immobiliers halal par le biais de la Ijara.
Comment? La banque achètera le bien immobilier et le louera à son client avec une option d’achat au terme du contrat. La rémunération sera intégrée dans le prix du bien et étalée sur la durée du contrat. Cette solution convaincra les pieux indécis à se doter enfin d’un logement. Les deux autres solutions ne sont pas des moindres. Ils offrent des opportunités d’affaires très importantes avec les commerçants et les industriels.
Reste à savoir comment sera calculée la rémunération de ces produits. Aucune banque ne s’est encore exprimée sur cette question. Mais plusieurs opérateurs ont affirmé que ces solutions seraient plus chères que les conventionnelles. D’autres ont précisé que la rémunération dépend des solutions proposées. Elle diffère selon leur structure et les risques qu’elles présentent.
Rappelons que les campagnes de communication des banques par rapport à ces produits ne comporteront aucune indication par rapport à leur connotation islamique. Cela fait suite à une interdiction formelle de Bank Al-Maghrib d’utiliser cet argument. «Produits islamiques conformes à la Chariâa islamique» est la seule appellation autorisée. Certains banquiers contestent cette mesure qui limite leur liberté en termes de stratégie marketing. Mais le responsable de supervision bancaire, Abderrahim Bouazza, considère que la clientèle est déjà sensibilisée à la nature de ces produits. Elle n’a pas plus de précision sur les campagnes de communication.
N. Sq., pour L’Economiste
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