Prochaine rentrée sous le signe de l’Islam


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Globe terrestre
Globe terrestre représentant une partie de l'Afrique

Le premier lycée privé musulman de France doit ouvrir ses portes en septembre 2003. Un pas de plus vers la reconnaissance de la deuxième religion du pays si, comme l’affirme Makhlouf Mamèche, chargé du projet, le lycée Ibn Rushd respecte ses engagements d’ouverture. Interview.

Le projet du premier lycée privé musulman de France traîne déjà depuis décembre 2001, mais cette fois, c’est la bonne. Le lycée Ibn-Rushd devrait ouvrir ses portes pour la rentrée de 2003. Sous l’égide d’Amar Lasfar, président de l’Association Averroès, recteur de la mosquée de Lille-Sud et personnage important de l’Union des organisations islamiques de France (Uoif), l’établissement a enfin réuni les fonds nécessaires à son implantation lilloise. Makhlouf Mamèche, professeur d’histoire-géographie en charge du projet, dresse le bilan à l’orée de cette inauguration.

Afrik : Quelles vont être les spécificités de ce premier  » lycée musulman  » ?

Makhlouf Mamèche : Il s’agit d’un lycée confessionnel privé musulman, à l’instar des lycées privés catholiques. Toutes les matières, sans exception, y seront enseignées de la seconde générale jusqu’à la terminale. Ce qui diffère, c’est que nous proposerons un enseignement en langue arabe et des cours de culture musulman en options. Les élèves qui le souhaiteront pourront s’ouvrir à la culture religieuse. Les cours de culture musulmane comprendront un éclairage sur les autres religions monothéistes puisqu’elles sont évoquées dans de nombreux versets coraniques.

Afrik : Avez-vous rencontré des difficultés particulières pour réaliser votre projet ?

Makhlouf Mamèche : La première difficulté a été d’ordre financier. Pour une classe de seconde de 30 élèves, il faut compter un budget de fonctionnement de 140 000 euros. Vous multipliez cela par cinq, et cela vous donne une idée de la somme que nous avons dû réunir. Pour lancer un lycée privé, il faut pouvoir subvenir aux cinq premières années de fonctionnement sans aucune aides. Nous avons déjà réussi à boucler le budget pour la première année en faisant appel aux associations musulmanes de la région Pas-de-Calais. 500 à 600 se sont associées à notre projet. Certaines se sont même engagées à verser entre 15 et 100 euros par mois pour les cinq ans à venir. Les frais de scolarité – de 800 à 1 000 euros par ans -participeront également au fonctionnement.

Afrik : Quels seront vos critères de recrutement pour les élèves et pour les professeurs ?

Makhlouf Mamèche : Pour les professeurs, nous nous fondons sur leurs diplômes et sur des critères de compétence. Nous avons passé une annonce à l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) et avons déjà reçus plus d’une cinquantaine de candidatures, dont celles d’un grand nombre de personnes qui ne sont ni musulmanes, ni d’origine maghrébine. Nous les examinons toutes avec intérêt. Il en va de même pour les élèves, qui seront sélectionnés sur dossier. Le lycée sera mixte, accueillera des élèves de toute origine et de toute confession, et les filles pourront d’y rendre voilées ou non.

Afrik : Avez-vous l’impression que l’ouverture d’un lycée de confession musulmane suscite plus de réactions que l’ouverture d’un lycée d’une autre confession ?

Makhlouf Mamèche : L’année dernière, 24 établissements privés catholiques ont ouvert leurs portes. Personne n’en a parlé. Notre seul lycée musulman fait beaucoup plus de bruits. Du côté administratif, nous avons pris contact avec la municipalité, sans rencontrer de réactions particulières. Notre dossier est sur le bureau de la maire de Lille, Martine Aubry, qui semble d’accord sur le principe.

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