Processus de Luanda dans l’impasse : la quête de paix à l’est de la RDC se heurte aux divergences entre Kinshasa et Kigali


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Judith Suminwa Tuluka, Première ministre de la RDC
Judith Suminwa Tuluka, Première ministre de la RDC

Les négociations pour ramener la paix à l’est de la RDC semblent marquer le pas en dépit de la détermination du médiateur désigné, le Président angolais, João Lourenço. Mais, loin de se laisser démonter, ce dernier maintient le cap.

Le processus de Luanda censé ramener la paix à l’est de la RDC est dans une nouvelle impasse. Jeudi dernier, à l’occasion du Rebranding Africa Forum qui s’est tenu à Bruxelles, la Première ministre congolaise, Judith Suminwa, a laissé entendre qu’un accord avait été obtenu avec le Rwanda pour un retrait de ses 4 000 soldats présents à l’est de la RDC. Pour la cheffe du gouvernement congolais, cette démarche procédait d’une stratégie globale visant à neutraliser les milices des FDLR (Forces Démocratiques de Libération du Rwanda). « Nous avons aujourd’hui une stratégie : celle de la montée en puissance de notre armée pour défendre notre territoire, tout en poursuivant un processus diplomatique, car nous voulons la paix », a insisté Judith Suminwa.

Démenti formel du Rwanda

Le Rwanda n’a pas attendu longtemps pour remettre en cause les déclarations de la Première ministre congolaise. « Avec tout le respect que je dois à S.E., Mme la Première Ministre Judith Suminwa, ses ministres lui ont fourni une information incorrecte. Le Rwanda n’a jamais, à Luanda ou ailleurs, accepté de présenter un plan de retrait pour plus de 4 000 militaires », a réagi sur X Olivier Nduhungirehe, ministre rwandais des Affaires étrangères. Puis il ajoute : « Et pour cause, ceci est une accusation sans fondement, et cet « engagement » du Rwanda ne figure nulle part dans le compte-rendu de la 5ème réunion ministérielle tenue à Luanda le 12 octobre 2024 ».

La ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, s’est, de son côté, montrée plus circonspecte. Tout en reconnaissant que des progrès avaient été notés dans les négociations, elle a reconnu qu’il était encore trop tôt pour parler d’un accord entre les deux parties. Elle a alors appelé à la poursuite des pourparlers.

Lourenço parle à ses homologues

Toujours déterminé à atteindre son objectif, celui de ramener la paix entre les deux pays, le Président angolais a discuté au téléphone, ce samedi avec ses homologues congolais et rwandais. Pour João Lourenço, il fallait faire le bilan de la situation actuelle afin de savoir les dispositions à prendre pour surmonter les obstacles qui empêchent la bonne marche des négociations.

La mission du médiateur est extrêmement compliquée dans une affaire où aucune des deux parties ne semble disposée à faire des concessions à l’autre. Plusieurs rencontres ont déjà été tenues sans que le principal objectif, celui du retour de la paix dans la région, n’ait jamais été atteint. Mais rien ne semble pouvoir ébranler la détermination du dirigeant angolais très décidé à remplir pleinement sa mission. Surtout que le processus de Luanda est actuellement le seul en cours après l’échec de celui de Nairobi pour ramener la paix à l’est de la RDC.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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