Procès Thomas Sankara : Me Prosper Farama cloue Gilbert Diendéré


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Gilbert Diendéré
Gilbert Diendéré

Ce lundi s’est achevée la phase de plaidoirie des avocats de la partie civile. L’un des tout derniers avocats à plaider est Prosper Farama. L’homme n’a pas fait de cadeau au général Gilbert Diendéré.

Gilbert Diendéré est coupable de tous les chefs d’accusation retenus contre lui, à savoir : attentat à la sureté de l’État, complicité d’assassinat, recel de cadavres et subornation de témoins. C’est ce qu’a tenté de démontrer minutieusement l’avocat Prosper Farama qui a exposé plusieurs éléments triés des différentes auditions et autres pour étayer son argumentaire. Par exemple, il revient sur le témoignage de Abderrahmane Zétiyenga qui avait déclaré à la barre avoir reçu de Gilbert Diendéré l’instruction d’empêcher toute entrée au Conseil de l’entente après le passage du Président Thomas Sankara. Pour l’avocat, cette mesure visait à sécuriser l’opération prévue pour se dérouler quelques minutes plus tard. Au titre des mesures prises à l’initiative de Gilbert Diendéré, il y avait également la suspension de la ligne téléphonique de l’Escadron de transport et d’intervention rapide (ETIR) pour l’empêcher d’intervenir.

En dehors de ce qu’il a fait, Me Prosper Farama a également insisté sur ce que Gilbert Diendéré n’a pas fait pour faciliter le déroulement de la tuerie. En effet, selon l’avocat, Gilbert Diendéré, chef de la sécurité du lieu du drame, le Conseil de l’entente, n’a rien fait pour empêcher les assaillants qui ont opéré dans le périmètre supposé être le plus sécurisé du pays et tué le chef de l’État et 12 de ses collaborateurs avant de repartir tranquillement, sans coup férir.

Au cours de son audition, Gilbert Diendéré avait déclaré être au terrain de sport au moment de l’assaut. Mais, Prosper Farama s’étonne du fait qu’il n’y a eu aucun témoin pour attester de la présence du chef de la sécurité du Conseil de l’entente au terrain de sport. Mieux, en supposant qu’il fût même au terrain de sport, l’avocat se demande pourquoi il n’avait pas fait usage de son talkie-walkie pour s’enquérir de ce qui se passait au Conseil et a préféré s’y rendre personnellement alors qu’il n’était pas armé et que sur place, ça tirait. Pour Me Farama, aucun doute que cette attitude vient confirmer le fait que Gilbert Diendéré n’était nullement inquiété par les coups de feu au Conseil de l’entente, puisque parfaitement informé de l’opération.

Par ailleurs, tous les actes posés par Gilbert Diendéré après la boucherie – réouverture de la ligne téléphonique de l’ETIR, bouclage de toutes les sorties de la ville, etc. – démontrent à souhait l’implication totale du lieutenant de l’époque dans le complot. « On ne peut pas avoir décidé d’arrêter ou d’assassiner le Président et vouloir convaincre le tribunal qu’on n’est pas auteur du complot. Il y a contre Gilbert Diendéré, des éléments suffisants », assure Me Prosper Farama. Mais, les dénégations du général qui rejette systématiquement toute responsabilité dans l’affaire n’étonnent pas l’avocat : « L’un de ses défauts est qu’il a mal à assumer la responsabilité. Ayant été au cœur d’un système, il n’assume jamais ses responsabilités », martèle-t-il évoquant les assassinats de l’étudiant en médecine, Dabo Boukari, et de David Ouédraogo, dossiers dans lesquels Gilbert Diendéré ne reconnaît pas ses responsabilités. L’audience se poursuit ce mardi avec les réquisitions du parquet militaire.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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