Au cours de cette deuxième journée de son interrogatoire, Bossobé Traoré, membre de la garde rapprochée de Thomas Sankara, a continué à nier tout ce qui lui est reproché. Mais, le parquet n’a pas été tendre avec lui, puisque tout son récit a été démonté. Et des regrets, l’accusé en a exprimés.
La deuxième journée de l’interrogatoire de Bossobé Traoré n’a pas été de tout repos pour cet ancien membre de la garde rapprochée de Thomas Sankara, soupçonné d’avoir été de mèche avec les assassins. Les avocats de la partie civile ont totalement remis en cause le récit des faits tels que présentés par cet ancien caporal. D’abord, sur le type de fusil qu’aurait utilisé le sergent Arzouma Ouédraogo dit Otis, il a été relevé que les allégations de Bossobé Traoré, qui a parlé d’un fusil à pompe, sont en contradiction avec les résultats de l’expertise balistique.
En effet, le fusil à pompe est un fusil de calibre 12-76 mm alors que les balles retrouvées dans les corps de Der Somda et Abdoulaye Gouem qu’Otis aurait abattus avec la même arme qu’il a utilisée pour tirer sur Bossobé Traoré, sont de calibre 7-62 mm. D’où cette conclusion du parquet : «Un fusil à pompe ne peut pas tirer une balle de calibre 7-62 mm. Seuls les fusils d’assaut de type Kalachnikov ou des fusils HK G3» peuvent utiliser ce type de balle.
Ensuite, le parquet a déduit, à partir du rapport du Centre national d’entraînement commando (CNEC) présenté par Bossobé Traoré, que ce dernier a été blessé par un tir effectué dans son dos et non au moment où il était couché à même le sol comme il a tenté de le faire croire.
Par ailleurs, la partie civile est revenue sur l’évacuation sanitaire dont a bénéficié le caporal, quelques semaines après les événements du 15 octobre, pour relever qu’il s’agit d’un privilège qui ne se prêtait pas au contexte.
En effet, au cours de cette période, il y avait une véritable chasse à l’homme contre les proches et fidèles du Président Sankara. Que Bossobé Traoré bénéficiât en ce moment précis d’une évacuation sanitaire, cela laisse supposer qu’il s’agissait d’une récompense pour services rendus. L’autre élément sur lequel la partie civile fonde son argumentaire, c’est l’indemnisation perçue par le caporal Bossobé Traoré après les faits. L’accusé a tenté de se défendre en soutenant qu’il a été indemnisé en 2004 dans le cadre de la journée nationale du pardon, sans toutefois réussir à convaincre la partie civile.
Pour finir, l’ancien garde de Thomas Sankara a déclaré avoir profondément regretté l’assassinat du père de la révolution burkinabè, un homme qui, selon ses dires, l’aimait et lui donnait des cadeaux. À la fin de cet interrogatoire, la séance a été suspendue et devra reprendre demain jeudi avec l’accusé Alidou Jean-Christophe Diébré à la barre.