Boukari Kaboré est à la barre. Ce témoin majeur des événements du 15 octobre confirme le rôle de Blaise Compaoré dans l’assassinat de son frère d’armes. En bien des points, son témoignage se rapproche de celui de son prédécesseur, le colonel-major Daouda Traoré.
Après le colonel-major Daouda Traoré, ce fut au tour de Boukari Kaboré dit Le lion d’être invité à la barre, ce mardi 16 novembre, en tant que témoin. Pour l’ex-commandant du bataillon d’intervention aéroporté (BIA) de Koudougou, il ne fait pas de doute que l’assassinat de Thomas Sankara est un « complot préparé et savamment exécuté ». Boukari Kaboré a rappelé toutes les propositions qu’il avait faites, sans succès, au Président Thomas Sankara pour lui permettre d’éviter le drame du 15 octobre : l’arrestation de Blaise Compaoré, la démission du Président du Faso ou son départ en exil, etc.
Bref, l’ex-commandant du BIA a fait observer à la Cour le manque de réaction de Thomas Sankara face aux agissements connus de Blaise Compaoré. De ce point de vue, son témoignage rejoint celui de son prédécesseur, le colonel-major Daouda Traoré. « Il (Thomas Sankara, ndlr) m’a dit si je touche à un seul poil de Blaise, on ne va pas se parler jusqu’à la fin de nos jours. Et moi j’ai dit “le monsieur-là va te tuer”. Il me dit “faut laisser, il va me tuer et les gens vont parler de ce qu’il a fait de moi” ».
Ce mardi à la barre, Boukari Kaboré a indiqué avoir joint le Conseil de l’entente par téléphone, dans la soirée du 15 octobre 1987. Au bout de la ligne, le commandant Lingani lui répondit, quand il a demandé à parler à Thomas Sankara : « Attends, ne quitte pas, je te passe Blaise Compaoré ». Ce dernier lui annonça la terrible nouvelle en ces termes : « Il est mort, je ne voulais pas le tuer, je voulais l’arrêter ». Et Boukari Kaboré de commenter : « Il venait de mentir, car il savait très bien qu’on ne pouvait pas arrêter Thomas Sankara ».
Pour l’ex-commandant du BIA, « Sankara a rempli sa mission. L’intégrité par excellence, c’était l’homme Sankara », un peu comme l’avait mentionné peu avant lui le colonel-major Daouda Traoré. Le problème, d’après M. Kaboré, c’est que Blaise Compaoré jalousait le Président du Faso : « Il était jaloux, il pensait que si lui il prenait la place de Thomas Sankara, les gens allaient l’applaudir. Or, Thomas-là, c’est son travail qui faisait qu’il était aimé. Il aimait aussi les gens et les gens l’aimaient. Pendant que tout le monde se sacrifie, lui (Blaise Compaoré), il se saoule », a insisté Boukari Kaboré.
Par ailleurs, pendant son audition, Le lion a proposé au tribunal d’écouter en qualité de témoins René Yoda et Rasmané Ouédraogo, son chauffeur, puisque ces deux personnes ont, selon lui, assisté aux événements du 15 octobre. La proposition a été saisie au bond par les avocats de la partie qui ont également demandé une confrontation directe entre Boukari Kaboré et Gilbert Diendéré. Sur l’audition des deux nouveaux témoins cités par Boukari Kaboré, la Cour a accepté d’examiner la proposition et de donner son avis ultérieurement.
L’audition de l’ex-commandant du BIA se poursuit ce mercredi.