Procès Thomas Sankara : Albert Pascal Sibidi Belemlilga enfonce Gilbert Diendéré


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Gilbert Diendéré
Gilbert Diendéré

À la barre ce lundi 15 novembre, dans le cadre du procès Thomas Sankara, l’accusé Albert Pascal Sibidi Belemlilga n’a pas reconnu les faits, mais a toutefois enfoncé le général Gilbert Diendéré.

L’audience du procès de l’assassinat du capitaine Thomas Sankara s’est poursuivie ce lundi à la salle des banquets de Ouagadougou. L’accusé, Albert Pascal Sibidi Belemlilga, adjudant-chef à la retraite, en service à l’Escadron motocycliste commando (EMC) de Pô au moment des événements du 15 octobre 1987, n’a pas reconnu ce dont il est accusé, à savoir : complicité d’attentat à la sûreté de l’État.

Albert Pascal Sibidi Belemlilga (15 nov 21)Sa présence dans le box des accusés est due à ce qu’il faisait partie des militaires qui ont assailli le camp CRS (Compagnie républicaine de sécurité) de la Force d’intervention du ministère de l’Administration territoriale et de la Sécurité (FIMATS) –supposément pro-Sankara– immédiatement après l’assassinat du Président du Faso. Selon le récit des faits qu’il a présenté, Albert Pascal Sibidi Belemlilga a dit s’être rendu à Ouagadougou afin de participer à un tournoi de volley-ball inter-services.

C’est depuis le terrain du Conseil de l’entente où il se trouvait qu’il a entendu le crépitement des armes. Il s’est alors rabattu sur un détachement de son corps pour recevoir des instructions. Et comme instructions, le chef de corps adjoint, Bernard Kaboré, a demandé à Albert Pascal Sibidi Belemlilga et ses camarades d’aller se mettre en tenue de combat et de se rendre au camp de la CRS aujourd’hui transformé en École nationale de la police (ENP).

Du camp de la CRS, Albert Pascal Sibidi Belemlilga, selon son récit, a été envoyé en mission de reconnaissance dans les environs et a rencontré le lieutenant Gaspard Somé de l’Escadron de transport et d’intervention rapide (ETIR). Ce dernier l’a informé de la mort de Thomas Sankara, et lui a confié avoir tué son chef de corps (Michel Koama). Gaspard Somé a ajouté qu’il était en partance pour le Conseil de l’entente où il allait rendre compte de son acte.

Ces propos amènent le président du tribunal à demander à l’accusé celui à qui son interlocuteur allait rendre compte. À cette question, Albert Pascal Sibidi Belemlilga répond : « Je suppose, à Blaise Compaoré, le chef de corps du Centre national d’entrainement commando (CNEC) ou à Gilbert Diendéré, son adjoint.

Pressé de questions par le parquet au sujet de cette dernière déclaration qui met en cause Gilbert Diendéré, l’accusé finit par lâcher : « S’il (Gaspard Somé, ndlr) dit qu’il était allé en mission pour abattre son chef, c’est qu’il a été envoyé. Et s’il part au Conseil pour rendre compte, c’est à Gilbert Diendéré qui était le responsable du Conseil et non quelqu’un d’autre. C’est une conclusion personnelle que je fais ».

Albert Pascal Sibidi Belemlilga affirme toutefois n’être pas concerné pas ce qui lui est reproché : « Je n’ai jamais ouvert un coup de feu à Ouagadougou le jour du 15 octobre », a-t-il clamé.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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