Procès Sankara : Eugène Somda confirme Zétiyenga, Diendéré enfoncé davantage


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Gilbert Diendéré
Gilbert Diendéré

Ce lundi, l’audience du procès de l’assassinat de Thomas Sankara et ses 12 compagnons s’est poursuivie. Mais, un seul témoin a été tout juste entendu et l’audience a été suspendue pour cause de décès.

L’audience de ce lundi 13 décembre ne s’est pas déroulée comme les autres. Un seul témoin a été auditionné. Eugène Somda est le 37e témoin à la barre depuis le début du procès. Adjudant-chef major à la retraite, il était en service à l’infirmerie de la Présidence du Faso lorsque le drame du 15 octobre 1987 s’est produit. Ce jour-là, le témoin a pris part à la réunion convoquée par le lieutenant Gilbert Diendéré entre la garde de Thomas Sankara et celle de Blaise Compaoré. « La réunion a pris du temps. Nous avons terminé peu avant 13 h. Après cela, j’ai fait un tour rapide à la maison et je suis revenu au conseil de l’Entente, vers 14 h, pour ensuite faire un détour à l’infirmerie afin de voir mes malades », raconte-t-il.

Il a pu constater assez de mouvements d’éléments du Centre national d’entraînement commando (CNEC) en direction de la radio nationale. Mais pour lui, tout ceci entrait certainement dans le cadre des dispositions normales pour la sécurité du Président Sankara. C’est depuis la Présidence où il était qu’Eugène Somda entendit, vers 16 h, une première rafale qu’il prit pour un incident de tir comme il en arrivait parfois au Conseil de l’Entente. Ensuite, les coups de feu s’intensifièrent, et un soldat accourut pour lui dire que les tirs provenaient du Conseil de l’entente.

Eugène Somda prit alors la direction du conseil de l’Entente, mais se vit interdire l’entrée à la hauteur de la radio nationale où était Abderrahmane Zétiyenga. Ce dernier lui fit comprendre qu’il avait reçu du lieutenant Gilbert Diendéré des instructions pour ne laisser personne entrer ni sortir après l’arrivée de Thomas Sankara. Une deuxième fois et après forte insistance, Abderrahmane Zétiyenga lui permit d’entrer en le faisant escorter par un de ses hommes.

Une fois dans l’enceinte du conseil de l’Entente, Eugène Somda est interpellé et désarmé par le soldat Nabonswendé, qui lui demanda ce qu’il venait faire là. Il lui répondit qu’il avait été appelé par le lieutenant Diendéré. Averti par le chauffeur de Blaise Compaoré, Pathé Maïga également présent sur les lieux, Gilbert Diendéré sortit. « Le lieutenant me fait signe avec la main d’avancer, il tire un banc à côté et nous prenons place. À ma demande, le lieutenant Diendéré me fait savoir que la réunion tenue au matin a dégénéré et que le Président était mort. Il m’a même montré les corps », laisse entendre le témoin.
Puis, il poursuit : « Il (Gilbert Diendéré, ndlr) me dit d’aller à la Présidence et de dire aux hommes qui y sont de rester calmes. Arrivé, quand j’ai informé les hommes, ils étaient surchauffés et voulaient prendre la radio nationale et je les ai dissuadés de le faire », poursuit-il.

C’est en repartant du conseil de l’Entente que le témoin informa Abderrahmane Zétiyenga de ce qui s’était produit. Quand il apprit la nouvelle, Abderrahmane Zétiyenga « a attrapé sa tête », déclare Eugène Somda dont le récit rejoint en bien des points les propos tenus par M. Zétiyenga à la barre, la semaine dernière. Après la déposition d’Eugène Somda, l’audience a été suspendue pour des raisons de décès. En effet, les avocats doivent prendre part aux obsèques d’un de leurs collègues décédé et dont l’inhumation est prévue pour demain mardi, à 10 h. Mais avant, ce lundi, à 14 h, était prévu l’enterrement d’un magistrat militaire stagiaire également décédé. L’audience reprendra alors mercredi, avec le même témoin à la barre.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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