Procès Hissène Habré : l’Etat tchadien partie civile


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L’Etat tchadien souhaite se constituer partie civile dans le procès Hissène Habré qui se déroule au Sénégal, afin de permettre l’ouverture d’un volet économique dans l’affaire. A cette occasion, le ministre de la Justice du Tchad s’est rendu à Dakar, ce mardi.

« Je suis venu au nom de l’Etat tchadien pour se constituer partie civile dans l’affaire Hissène Habré », a déclaré solennellement le ministre tchadien de la Justice, Béchir Madet, ce mardi. Il a déposé un dossier à cet effet en personne au greffe des chambres africaines extraordinaires, le tribunal spécial créé à Dakar pour juger l’ex-Président tchadien de 1982 à 1990.

L’Etat tchadien victime de « préjudices économiques »

Les personnes déjà constituées parties civiles « dans la procédure n’ont pas compétence de se constituer partie civile sur l’aspect économique, et seul l’Etat tchadien qui a subi des préjudices économiques est habilité » à le faire pour ce volet, explique Maître Houssine, coordonnateur du pool d’avocats du Tchad , selon l’AFP. Plus de mille personnes se considérant comme « victimes directes et indirectes » de Hissène Habré se sont déjà constituées partie civile.

« Dans l’état actuel des choses, la République du Tchad est la victime parfaite des agissements de Hissène Habré », car « dans sa fuite (…), il n’a pas oublié d’emporter de l’argent, de vider les caisses de l’Etat », explique le ministre tchadien de la justice. Il ajoute « en entrant dans la procédure, nous, République du Tchad, voulons donc aider les Chambres africaines à faire un procès. Nous tenons à ce procès qui permettra d’abord à beaucoup de familles victimes de faire leur deuil ».

Cette démarche « n’a pas de base juridique »

Le collectif des avocats des victimes du régime de Hissène Habré voit cette initiative d’un très mauvais œil. Il estime que cette démarche « n’a pas de base juridique » et son entrée dans le procès « devrait être déclarée irrecevable ». Le Tchad ferait mieux de « renforcer sa collaboration avec les Chambres africaines extraordinaires en assurant la sécurité des témoins, des magistrats et des avocats des victimes et de la défense », estime ce collectif.

Cette action de l’Etat tchadien vise donc à pouvoir indemniser les victimes de l’ex-Président. Le Tchad finance la tenue du procès à hauteur de deux milliards FCFA. « La coopération judiciaire entre Dakar et Ndjamena a déjà permis d’inculper cinq personnes au Tchad, dont deux anciens responsables de la DDS, l’ancienne police politique de Habré », indique RFI.

L’ex-Président Hissène Habré est poursuivi pour acte de torture, crime de guerre et crime contre l’humanité. Il a été arrêté le 30 juin 2013 à Dakar où il est jugé suite à un accord signé entre le Sénégal et l’Union africaine (UA) en décembre 2012.

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