Comme prévu, le procès de Reckya Madougou a démarré, ce jour, à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET). L’un des avocats de l’opposante béninoise, le Français Antoine Vey, s’est retiré.
Le procès de l’opposante béninoise Reckya Madougou est ses cinq co-accusés —Georges Sacca Zimé, Ibrahim Mama Touré, Bio Dramane Tidjani, Mama Bio Amadou Tidjani et Gbassiré Mora Mohamed— s’est effectivement ouvert, ce vendredi 10 décembre, à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (CRIET), à Porto-Novo. Au début de la séance, les avocats de la défense ont demandé l’audition en tant que témoins des députés Rachidi Gbadamssi, Nazaire Sado et Mama Sanni et du ministre des Petites et Moyennes Entreprises et de la Promotion de l’Emploi des Jeunes, Modeste Kérékou. Ces personnalités avaient, en effet, été citées au début de la procédure contre Reckya Madougou. Mais, la demande des avocats de la défense n’a pas prospéré, puisque l’audience s’est poursuivie sans la comparution de ces personnes.
Très vite, le ton est monté entre l’avocat français de Reckya Madougou, Me Antoine Vey, et le président de céans, Guillaume Lally. « Monsieur le président, votre juridiction ne présente aucune garantie d’indépendance », a lancé l’avocat français qui a finalement quitté la salle d’audience, lui qui est venu de Paris spécialement pour ce procès. L’homme de droit s’est confié à la presse après avoir quitté le procès : « On peut retenir que la juridiction dans laquelle comparaît Madame Madougou n’est pas une juridiction impartiale et indépendante. Et que dès lors, nous ne souhaitions pas cautionner, par notre participation, un processus judiciaire qui me paraît floué, écrit d’avance et qui, en réalité, n’est que le masque d’un processus politique d’extinction des voix dissidentes de votre pays (…) Quoi qu’elle dise, la défense aujourd’hui ne sera pas entendue », a-t-il laissé entendre.
Puis il ajoute : « Je repars à Paris et je compte sur les soutiens internes et internationaux pour faire valoir une vraie défense, démocratique, transparente et forte pour Reckya Madougou ». Pendant que Me Antoine Vey quittait la salle d’audience, le procès se poursuivait. À la barre, l’accusé Ibrahim Mama Touré, colonel de la gendarmerie à la retraite, a déclaré : « J’ai reçu 1 000 000 FCFA chez Georges Sacca pour l’assassinat de l’ancien maire de Parakou, Charles Toko, parce que nous étions en période pré-électorale et l’opposition était mise en sandwich et il fallait se venger. Il (Georges Sacca, ndlr) est membre du Parti “Les Démocrates”, a indiqué le colonel à la retraite. « Il m’a dit d’attaquer Charles Toko (…) Je lui ai dit que c’est possible et que j’ai besoin d’armes et du personnel. Je lui ai dit que les armes et les hommes viendront du Togo (…) J’ai utilisé la tactique du mensonge positif pour lui faire croire que cela allait marcher, mais je savais qu’il n’en était rien », poursuit-il.
L’accusé conteste, par ailleurs, certaines déclarations à lui attribuées et mentionnées dans l’arrêt de renvoi en jugement. Il ne reconnaît par exemple pas avoir déclaré que l’argent devant permettre d’exécuter le plan d’assassinat de Charles Toko provenait de Reckya Madougou qu’il dit d’ailleurs ne pas connaître. Le procès se poursuit.
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