Le Collectif Agir pour le Changement et la Démocratie en Algérie (ACDA) s’est indigné face à la tournure prise par les événements lors du procès de Karim Tabbou qui s’est déroulé, il y a presque un mois de cela. A l’issue de l’audience, sa peine a été alourdie de six mois de prison supplémentaires alors qu’il devait quitter la prison de Koléa, le 26 mars dernier.
Le collectif a pointé du doigt, dans un communiqué rendu public, la responsabilité « du pouvoir autoritaire algérien » qui « persiste dans sa politique de répression et de déni du droit : sa machine judiciaire ordonne le maintien de nombreux citoyens en détention arbitraire, en organisant une parodie de procès, comme celui du 24 mars qui a été programmé sans que le prévenu, Karim Tabbou, ni ses avocats ne soient informés ».
Il précise que « tout indique que la machine judiciaire veut lui infliger le même sort qu’à Kamel Eddine Fekhar et Mohammed Tamalt, tous deux morts en prison victimes de mauvais traitements. Nous condamnons cette mise à mort programmée d’un militant politique et mettons en garde le pouvoir algérien pour tout ce qui peut lui arriver ».
Il est clair que, selon toujours ACDA, l’objectif est de « briser l’insurrection démocratique du Hirak, en maintenant Abdelouahab Fersaoui et tant d’autres arbitrairement en détention et, aujourd’hui, en condamnant Karim Tabbou à un an de prison ferme à la suite de l’appel interjeté par le parquet ».
Face au pacifisme et au sens des responsabilités du Hirak – qui a unilatéralement suspendu toutes les manifestations publiques pour contribuer à freiner la pandémie du Covid-19 –, « la machine judiciaire, aux ordres de la police politique, en a décidé autrement. Refusant de comparaître en l’absence de ses avocats et face à l’acharnement du juge qui a décidé de poursuivre l’audience, il est victime d’un malaise et transféré à l’infirmerie du tribunal », écrit toujours ACDA.
Et d’ajouter : « nous exigeons la libération inconditionnelle et sans délai de Karim Tabbou et de tous les détenus du Hirak, qui n’ont fait qu’exercer leurs droits de citoyens, à commencer par le droit de manifester pacifiquement et de s’exprimer librement. Ces droits, pourtant formellement énoncés dans la Constitution, sont systématiquement bafoués par le régime militarisé en place ».
Par ailleurs, le collectif a appelé le gouvernement, qui a ratifié les principales conventions internationales de protection des droits de l’Homme, « à respecter ses engagements et cesser sa politique répressive de manière générale et, en particulier, à l’encontre du Hirak et de ses acteurs. L’opinion publique algérienne est mobilisée dans la défense des droits de l’Homme et des libertés fondamentales. L’opinion publique internationale ainsi que les partenaires étrangers de l’Algérie, notamment l’Union Européenne, doivent rappeler au gouvernement en place ses engagements et condamner toutes les violations des droits de l’Homme commises ces derniers mois à l’encontre de citoyens pacifiques qui ne font qu’exercer leurs droits fondamentaux ».