Le Président sénégalais a annoncé, dimanche lors du sommet de l’Union africaine à Banjul (Gambie), que son pays jugerait l’ancien dictateur tchadien Hissène Habré. Le sommet a demandé au Tchad de coopérer en transférant les dossiers nécessaires au Sénégal.
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Les chefs d’Etat de l’Union africaine ont décidé, dimanche à Banjul, la capitale gambienne, de faire juger Hissène Habré au Sénégal, selon le président sénégalais, Abdoulaye Wade, qui en a fait l’annonce à la presse.
Le chef de l’Etat sénégalais, qui a pris part au sommet, a souligné que la rencontre a toutefois écarté la possibilité d’extrader Hissène Habré en dehors du continent africain.
A partir de là, deux options se sont présentées aux chefs d’Etat africains: juger Hissène Habré à Dakar ou au Tchad, a-t-il dit, expliquant que son pays, le Sénégal, a alors accepté de juger l’ancien chef de l’Etat tchadien, étant donné que « tous les crimes doivent être poursuivis et jugés ».
Le président sénégalais, qui a en outre mis dans la balance les milliers de victimes qui demandent réparation, a avancé comme autre argument « le caractère panafricain » de la Constitution de son pays.
« Notre Constitution est la seule qui dit que le Sénégal peut abandonner sa souveraineté au profit de l’Union africaine », a-t-il déclaré, ajoutant toutefois qu’il va informer l’Assemblée nationale sénégalaise de sa décision d’accepter de faire juger Hissène Habré à Dakar.
Tous ces obstacles levés, le président Wade estime que le Sénégal est le mieux placé pour faire ce jugement, d’autant qu’il n’a « aucun intérêt dans cette affaire, sinon la recherche de la vérité », ajoutant qu' »il serait difficile de faire un procès équitable au Tchad ».
Néanmoins, le sommet a demandé au Tchad d’apporter sa pleine coopération à la justice sénégalaise en transférant tous les dossiers nécessaires à cet effet. De même, il doit faciliter le travail des juges qui auront à se déplacer sur le terrain pour rechercher des preuves et entendre les victimes.
On rappelle qu’un comité d’éminents juristes saisis par le président de l’Union africaine avait estimé, dans un rapport destiné aux chefs d’Etat africains, que le Sénégal peut et doit juger Hissène Habré, puisqu’il a ratifié la convention des Nations unies contre la torture.
Ce même constat est valable pour le Tchad qui en a fait de même, a encore dit le comité, qui a demandé au Sénégal de doter le tribunal qui sera mis en place de pouvoirs spéciaux pour lui permettre de faire correctement son travail.
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